Le gouvernement va étendre le recours à des structures privées extérieures à Pôle emploi pour accompagner des chômeurs dans leur recherche d'emploi, en complément du service public, sans preuve, à ce stade, de l'efficacité supérieure de cette dépense.
Les premières évaluations, exigées par la Cour des comptes en 2006 et supervisées par l'Ecole d'économie de Paris-PSE, démontrent que la plus-value du service public, quand il met les moyens, est "nettement supérieure" à celle des opérateurs privés.
Dans les Hauts-de-Seine, on est revenu de la vogue de l'utilisation de ces structures. Le contrat signé en mars 2006 avec Ingeus, filiale d'un cabinet australien, n'a pas été reconduit tel quel en 2009, mais redimensionné.
"Cela marche plutôt bien mais coûte très cher. Ils sont beaucoup moins bons sur l'accompagnement social, pourtant indispensable. Quand vous êtes au RMI, vous avez à la fois des problèmes de santé, de transport, de logement voire familiaux. Donc, on a repassé un marché avec eux comme prestataires sur la partie diagnostic d'employabilité où ils sont les meilleurs", a indiqué à l'AFP Philippe Juvin, vice-président UMP du conseil général présidé par Nicolas Sarkozy de 2004 à 2007.
Dans les faits, Pôle emploi s'apprête à choisir les structures privées, agences d'intérim notamment, rémunérées pour s'occuper de 320.000 demandeurs d'emplois d'ici fin 2011.
Ceux-ci "seront parmi ceux qui ont besoin de se voir consacrer plus de temps, notamment les personnes licenciées économiques et les plus éloignées de l'emploi", a précisé le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez.
Pôle emploi y consacrera "100 millions d'euros en 2009 et 200 millions en 2010 sur un budget total de 4,5 milliards d'euros", et n'ira "pas au-delà de 10% de demandeurs d'emploi confiés aux opérateurs privés, soit 250.000 personnes par an", "la colonne vertébrale reste Pôle emploi", a précisé M. Wauquiez au Parisien lundi.
Le recours au privé n'est pas nouveau. L'Australie a massivement privatisé le marché de l'accompagnement des chômeurs à partir de 1998.
A l'image des expériences moins poussées menées dans les années 2000 aux Pays-Bas, Grande-Bretagne, Allemagne et Danemark, la France a supprimé le monopole de l'ANPE en 2005.
En 2006, malgré l'opposition des syndicats CGT et FO, l'assurance chômage a tenté l'expérience avec 17 opérateurs privés comme BPI, Adecco, Ingeus. L'idée était que tout ce qui peut faciliter le retour rapide à l'emploi ferait économiser des millions à l'assurance chômage.
Parallèlement, l'ANPE a créé un programme d'accompagnement renforcé "Cap vers l'entreprise", proposé à certaines personnes présentant un risque de chômage longue durée, et avec un impact "positif" observé par les chercheurs.
Au fond, constatait le rapport 2008 préparatoire à la création de Pôle emploi, "il n'existe pas de preuve générale que le secteur privé soit plus efficace que le secteur public".
"Mais la concurrence du privé permet au service public de créer de nouveaux services et de modifier ses pratiques", selon lui et doit donc "s'inscrire désormais durablement dans le système d'accompagnement personnalisé piloté" par Pôle emploi, notamment pour les personnes en Zones urbaines sensibles (ZUS).
Le succès du "contrat d'autonomie" du plan Espoir Banlieue reste cependant à démontrer. A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), le cabinet privé C3 Consultants s'est positionné sur un dispositif de préparation au recrutement avec la RATP qui existait déjà depuis 2002, grâce à la Mission locale, le service public.