Pierre Blayau, patron de la branche transports et logistique de la SNCF, envisage de "trouver des voies de solution" pour le redressement du fret, lourdement déficitaire, "probablement vers la mi-septembre", a-t-il déclaré vendredi.
"Il n'y aura aucune annonce" avant cette échéance, a-t-il assuré. "On est au travail" pour tenter d'établir un "diagnostic partagé avec les syndicats, les pouvoirs publics et les administrateurs" de la SNCF.
L'activité fret SNCF a été rattrapée par la crise dès juin 2008, et "le trafic est en baisse de 30% en moyenne à fin mai", a indiqué M. Blayau.
"La SNCF ne peut pas tirer des conclusions ou organiser des solutions toute seule, cette démarche est participative", a-t-il insisté.
Parmi les prochaines échéances figurent la présentation du "diagnostic" au comité stratégique Fret du conseil d'administration de la SNCF le 18 juin et la tenue d'un conseil d'administration de l'entreprise publique le 24 juin.
"Après, on continuera à discuter avec les uns et les autres pour probablement vers la mi-septembre essayer de trouver des voies de solution", a expliqué M. Blayau.
Interrogé sur les différentes hypothèses qui circulent (subventionner des trafics non rentables, filialisation du fret, abandon de l'activité "wagon isolé"), il a répondu qu'il ne pouvait "absolument pas se prononcer aujourd'hui sur quelque solution que ce soit".
"Toutes les hypothèses sont envisageables, et tout le monde est appelé à donner son avis et faire des suggestions. C'est un problème d'intérêt national qui met en jeu à la fois la politique de transport public, l'avenir de la SNCF et l'emploi des cheminots", a-t-il déclaré.
"L'activité du wagon isolé présente 40% du chiffre d'affaires et 70% des pertes" du fret SNCF, "c'est une donnée du diagnostic qui est susceptible d'interpeller les uns et les autres", a commenté M. Blayau.
Le service de "wagon isolé" permet aux entreprises de transporter par rail des produits dans des quantités ne permettant pas le recours au transport massif par train entier.
Selon les syndicats, auxquels la SNCF a transmis un audit, la chute du trafic de transport de marchandises pourrait aboutir à un déficit de 5 à 600 millions d'euros en 2009, après une perte de 339 millions d'euros en 2008.
Mercredi, les syndicats ont présenté à la direction un "contre-audit". Le secrétaire général de la CGT-cheminots Didier Le Reste a prévenu qu'une éventuelle filialisation du fret serait pour lui "un casus belli dans l'entreprise".
Le redressement du fret, en perte de compétitivité par rapport à la concurrence, figure parmi les priorités du plan stratégique de la SNCF. Face au tollé syndical, l'entreprise a dû toutefois abandonner en novembre une réforme sur une réorganisation du travail des conducteurs.
"Pour le fret, nous voulons sortir des plans successifs et opter pour une méthode incontestable", a déclaré lundi le président de la SNCF Guillaume Pepy. "Le pari de la +rupture interne+ mené l'an dernier - à travers la réforme sociale du fret - n'a pas fonctionné", a-t-il reconnu.