Sur fond de tensions sociales et de débrayages, les groupes automobiles français ont un nouveau rendez-vous mardi avec les syndicats, Renault pour négocier un accord de compétitivité, PSA pour discuter d'un plan de sauvegarde de l'emploi et de la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois.
Des débrayages sont prévus chez Renault pour la troisième fois depuis l'annonce par la direction d'un plan de restructuration, qui doit être négocié avec les syndicats en vue d'un accord de compétitivité prévu pour la mi-février par la direction.
Le projet porte notamment sur la suppression de 8.260 emplois en France d'ici à 2016, soit plus de 15% de ses effectifs, a priori sans fermeture de sites ni licenciements. Cependant, les syndicats dénoncent un "chantage" à la fermeture de sites de la part de la direction en cas de désaccord.
Mardi, plusieurs sites ont prévu des débrayages mais aussi des rassemblements, des barbecues, notamment à Flins (Yvelines), à Douai (Nord), Sandouville (Seine-Maritime), et au Mans (Sarthe). "C'est 50 ans de négociations chez Renault qui sont remises en cause" avec le projet d'accord compétitivité, a estimé Vincent Lefrançois (FO) de Sandouville.
Jusqu'à présent la direction a déroulé ses propositions pour un accord de compétitivité: gel des salaires en 2013, refonte des comptes épargnes temps, saignée dans les effectifs (suppressions de postes essentiellement via des départs naturels non remplacés).
En cas d'accord, pas de fermeture de site ni de licenciement, assure la direction qui évoque aussi l'apport possible de volumes de production dans les usines françaises de la part de partenaires.
La parole est maintenant aux syndicats qui présentent mardi leurs contre-propositions.
"Rien n'est acquis, rien n'est figé, rien n'est gagné pour l'instant", mais "les marges de manoeuvre sont étroites", résume Dominique Chauvin (CFE-CGC).
L'accompagnement des salariés
Chez PSA Peugeot Citroën, la situation demeure très tendue à l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui doit fermer en 2014.
A l'arrêt pendant dix jours, l'usine a rouvert lundi matin dans une ambiance électrique, avec le renfort de plus de 200 cadres. Mais sa chaîne de production a été immédiatement bloquée par les grévistes. Quatre d'entre eux ont été mis à pied.
La CGT a appelé lundi à une reconduction du mouvement.
L'usine de Rennes est, quant à elle, au chômage technique durant toute la semaine pour baisse d'activité.
Par ailleurs, des ex-salariés PSA de Melun, qui ont bénéficié de mesures de reclassement après la fermeture de leur usine en 2012, profiteront des négociations pour expliquer devant le siège de PSA qu'ils entendent réclamer devant les prud'hommes la requalification en licenciement de leur rupture de contrat.
Cette nouvelle réunion porte sur l'accompagnement des salariés touchés par la vaste restructuration du groupe.
Entre mai 2012 et mi-2014, 11.214 suppressions de postes sont envisagées chez le premier constructeur français, dont 3.000 à Aulnay et 1.400 à Rennes, qui accumule les plans de départs volontaires ces dernières années. Pour ces deux sites, un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) est prévu, avec une phase de départs volontaires ouverte jusqu'au 31 décembre.
Après quoi, les licenciements tomberont si le nombre de candidats au départ est insuffisant.
Les syndicats de PSA se sont dits déterminés à "tirer la corde au maximum" afin d'améliorer les propositions discutées depuis début novembre avec la direction. Ils entendent notamment améliorer les conditions de départ des salariés proches de la retraite.