Le président russe Dmitri Medvedev et la chancelière allemande Angela Merkel se retrouvaient jeudi à Munich (sud de l'Allemagne) pour parler économie et notamment énergie, au lendemain de l'assassinat d'une militante russe des droits de l'homme qui a indigné l'Occident.
Mme Merkel a accueilli M. Medvedev avec les honneurs militaires au château de Schleissheim, en banlieue de la capitale bavaroise.
Les deux dirigeants ont ensuite entamé des entretiens bilatéraux, qui interviennent au lendemain de l'assassinat de Natalia Estemirova, qui dénonçait en particulier les exactions en Tchétchénie.
Memorial, l'ONG de la victime, a d'ores et déjà accusé du meurtre le président pro-russe de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a "condamné avec la plus grande fermeté" mercredi soir cet assassinat, mais la chancellerie n'avait pas réagi jeudi en milieu de journée,
La présidence suédoise de l'Union européenne a condamné un meurtre "brutal", tandis que M. Medvedev, par la voix d'un porte-parole, s'est dit "indigné".
Ce drame ne devrait pas cependant bouleverser les discussions avec Mme Merkel, qui est à la tête du premier partenaire économique de la Russie.
L'un des dossiers clé concerne la reprise du constructeur automobile Opel, filiale de l'américain General Motors, par l'équipementier canadien Magna et la banque russe Sberbank, a indiqué la présidence russe.
"Nous allons nous prononcer en faveur (de la reprise) et nous appellerons (l'Allemagne) à le soutenir aussi", a aussi déclaré mercredi Sergueï Prikhodko, conseiller diplomatique au Kremlin.
Un accord avait été conclu le 30 mai, sous les auspices du gouvernement allemand, mais les discussions piétinent et GM semble tenter de faire monter les enchères, alors que la holding RHJ International, basée à Bruxelles, et le chinois BAIC son notamment sur les rangs pour une reprise d'Opel.
Les dirigeants russe et allemand doivent aussi parler de sécurité énergétique européenne, notamment des livraisons gazières à l'Europe, très dépendante de la Russie alors qu'une nouvelle crise gazière pourrait voir le jour, si l'Ukraine, principal pays de transit, ne peut régler ses factures au géant gazier russe, Gazprom.
Dans ce contexte, ils devront aussi discuter du projet de gazoduc Nord Stream, soutenu par la Russie et l'Allemagne, qui doit encore obtenir l'approbation du Danemark et de la Suède pour être construit sous la mer Baltique.
L'Allemagne est le principal client européen du gaz russe, important environ 37% de sa consommation pour chauffer près de la moitié de ses foyers.
Pour ce qui est des grands sujets diplomatiques, M. Medvedev et Mme Merkel pourraient discuter de la Corée du Nord, du programme nucléaire iranien et du sommet du G20 qui doit avoir lieu cette année à Pittsburgh (Etats-Unis).
Parmi les documents qui doivent être signés dans le cadre de ce sommet figurent une déclaration commune sur la coopération énergétique, ainsi qu'un accord entre les Chemins de fer russes et le conglomérat allemand Siemens pour la création d'une coentreprise de production de locomotives.
La banque publique russe VEB et l'allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW, publique) vont aussi conclure un accord pour un crédit de 500 millions de dollars permettant de financer des projets communs.