La victoire des républicains, qui ont ravi mardi la Chambre des représentants aux démocrates, pourrait provoquer un blocage à Washington sur le dossier de la régulation financière, qui risque d'avoir des conséquences désastreuses pour l'économie américaine.
Le résultat des élections peut en revanche être une aubaine pour des entreprises désireuses d'échapper aux nouvelles contraintes en matière financière et qui n'ont cessé depuis deux ans d'assurer que le zèle régulateur des démocrates les dissudait d'investir et d'embaucher.
"La plupart des investisseurs estiment qu'une impasse à Washington sera bénéfique pour les marchés", estime Gina Martin Adams, stratège à la banque Wells Fargo.
Même si les républicains vont avoir du mal à abolir les lois sur l'assurance maladie ou la réforme de Wall Street, ils pourraient contrecarrer leur mise en oeuvre.
En outre, la vive opposition des républicains à la taxation des émissions de gaz à effet de serre pourrait être une bonne nouvelle pour les industries énergétiques car la nouvelle majorité à la Chambre est susceptible d'empêcher l'adoption d'un plan climat instaurant un système de droit d'émissions sur le modèle européen.
Mais alors que l'économie est encore convalescente après avoir été terrassée par la pire crise depuis les années 30, les entreprises ont toujours besoin de l'aide de l'Etat pour se remettre complètement, rappellent certains experts.
"L'administration doit décider du sort qu'elle réserve aux réductions d'impôt de M. Bush avant la fin de l'année", explique le politologue Sean West, du groupe Eurasia, alors que le programme de réduction d'impôts de l'ancien président américain arrive à expiration en 2011. "Il va falloir prendre plusieurs décisions l'année prochaine sur toute une série de problèmes où le blocage sera probablement la pire des solutions", prédit-il.
Les partis démocrate et républicain n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour suspendre les réductions d'impôts pour les plus riches. Pour Barack Obama, un pays rongé par les déficits ne peut pas se permettre de "réduire les impôts des millionnaires". Ses adversaires politiques au contraire jugent que limiter ces réductions risque de grever la reprise.
"Les marchés pourraient préférer un nouveau plan de relance mais on ne risque pas d'en voir un l'année prochaine s'il y a un blocage politique", observe M. West.
"L'économie est trop fragile pour résister à un blocage" du Congrès, renchérit Ryan Sweet, spécialiste chez Moody's Analytics.
Pour lui, l'économie pourrait souffrir de l'incapacité des élus américains à réduire la dette. "Des augmentations d'impôts et moins de coupes dans les dépenses seront nécessaires à terme - mais pas en 2011, la reprise sera encore trop faible pour résister à un serrage de ceinture", observe l'analyste.
Les entreprises sont néanmoins optimistes sur certains points, comme la finalisation d'un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, la Colombie, le Panama, une réforme de l'Education, et un rapide compromis sur la questions des impôts.
Et un indicateur important laisse penser que d'autres facteurs pourraient avoir de l'influence: "historiquement, l'année suivant les élections législatives de mi-mandat est favorable pour les marchés", rappellent des analystes de Fidelity Investments.