L'Etat de Sao Paulo a annoncé mardi une plainte au civil contre le groupe allemand Siemens, soupçonné d'avoir formé un cartel avec d'autres multinationales pour fausser des appels d'offres sur le métro de la capitale économique brésilienne.
L'Etat de Sao Paulo entend ainsi exiger des réparations financières pour le préjudice qu'il aurait subi à l'occasion de ces appels d'offres portant sur la construction et l'entretien du métro de Sao Paulo.
"Nous intentons un procès contre Siemens. S'il s'avère que d'autres entreprises ont participé à ces faits, elles seront toutes poursuivies", a déclaré le gouverneur de l'Etat de Sao Paulo, Geraldo Alckmin.
Selon le gouverneur, la plainte vise Siemens car le groupe allemand se serait refusé à deux reprises à remettre des informations aux autorités de Sao Paulo.
Le parquet de Sao Paulo avait annoncé vendredi avoir ouvert une enquête sur ces présumées ententes illicites.
"Il existe de fortes présomptions, basées sur des documents du Cade (Conseil administratif de défense économique, le gendarme anti-trust brésilien) de l'existence d'un cartel illicite lors des appels d'offres lancés par la compagnie CFTM, gestionnaire du métro de Sao Paulo, entre 1999 et 2009", avait déclaré le procureur Marcelo Mendroni.
La justice brésilienne n'a mentionné aucun nom d'entreprise. Mais les médias brésiliens citent, outre Siemens, la française Alstom, la japonaise Mitsui, l'espagnole CAF et la canadienne Bombardier.
Le quotidien Folha de Sao Paulo a assuré la semaine dernière que Siemens avait fourni volontairement au Cade des détails sur ce cartel présumé, dans le cadre d'un accord avec les autorités brésiliennes pour éviter des poursuites pénales.
La justice fédérale brésilienne a autorisé le gouvernement de Sao Paulo à avoir accès à ces documents, qui fondent aujourd'hui sa plainte au civil.
Le présumé trucage de ces marchés publics aurait eu lieu à l'époque où Sao Paulo était dirigée par le Parti social démocrate brésilien (PSDB), principal adversaire du Parti des travailleurs (PT, gauche) qui dirige le pays à la tête d'une coalition hétéroclite. Le PSDB a nié toute implication dans cette affaire.
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