Le conflit dans la filiale française de Nortel à Châteaufort s'est achevé mardi avec l'obtention par les salariés d'indemnités de 30 à 50.000 euros après une grève de 15 jours ponctuée par la brève menace de faire sauter leur usine.
Environ 85% des salariés ont voté en assemblée générale pour la levée de la grève et l'adhésion à un protocole d'accord négocié jusque dans la nuit de lundi à mardi.
L'accord prévoit un total de 30 à 50.000 euros d'indemnités par salarié, grâce au déblocage de 19 millions d'euros de crédit impôt recherche par l'Etat et le retour de fonds bloqués en Angleterre par la société, ainsi que par la "garantie" de bénéficier "du fruit des ventes des actifs de Nortel", ont détaillé des salariés.
L'équipementier canadien en télécommunications Nortel s'est placé mi-janvier sous la protection des tribunaux contre ses créanciers au Canada et aux Etats-Unis et a aussi placé plusieurs filiales étrangères sous administration judiciaire.
Le site de Nortel Networks SA à Châteaufort, qui compte 680 salariés, s'est ainsi trouvé sous le coup d'une liquidation et d'un plan social visant 467 personnes.
"C'est une fin pénible mais heureuse", a estimé Elie Bensaci (CFTC), qui a souligné l'intervention "primordiale" du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi et de ses services.
"On est satisfaits dans la mesure où on est convaincus qu'on est allés au maximum de ce qu'on pouvoir avoir", a fait valoir un des représentants des salariés, Farid Bazizi.
L'indemnité supra-légale sera la même quels que soient l'ancienneté ou le poste des salariés, selon l'accord, qui prévoit une aide au départ immédiate de près de 9.000 euros et un intéressement sur les ventes des activités de Nortel, d'un montant estimé de 20.000 à 40.000 euros, par les salariés et leur avocat.
D'après M. Bazizi, les salariés sont avant tout "contents de cette expérience humaine", où "la mobilisation, la solidarité" ont "permis aux gens de se préparer à la suite, de faire leur deuil".
"Parfois jusqu'à 50 personnes" participaient au piquet de grève durant les deux semaines du mouvement, une mobilisation rare pour une entreprise qui compte seulement 18 non-cadres, a-t-il souligné.
Ce qui importait au ministre de l'Industrie était "que les intérêts des salariés licenciés soient préservés" et "que l'activité reprenne afin que nous donnions toutes les chances d'avoir un repreneur de haut niveau, ce qui se présente plutôt bien", a-t-il déclaré à l'AFP, évoquant "plusieurs offres" sérieuses.
Les repreneurs éventuels ont jusqu'à mi-août pour se manifester.
"Les menaces et la violence conduisent à une impasse, seul le dialogue vaut", a ajouté le ministre, qui s'était rendu sur le site mercredi et dont les services ont joué le rôle de "facilitateur" entre avocat des salariés et administrateurs anglais et français.
Dans le sillage des salariés de New Fabris qui menaçaient de faire sauter leur usine à Châtellerault (Vienne), les Nortel avaient également menacé mardi pendant 24 heures de "faire sauter" le site à l'aide de bonbonnes de gaz.
Parmi les grévistes, Fabrice Dinochau a dit ressentir "une grosse fatigue". "On va enfin baisser la garde, ça va être un soulagement" même s'"il y a toujours des incertitudes" sur les ventes.
Le protocole d'accord devait être intégré dans la soirée dans la proposition de plan social soumis au comité d'entreprise.