Les géants des télécoms britannique Vodafone et américain Verizon ont trouvé un accord sur la vente des 45% que Vodafone détient dans leur coentreprise aux Etats-Unis, affirme dimanche le Wall Street Journal, évoquant une opération à 130 milliards de dollars.
L'accord doit encore être validé par les conseils d'administration des deux groupes. Mais si les négociations aboutissent, l'opération serait la deuxième plus grosse acquisition jamais réalisée - après celle par Vodafone du groupe Mannesmann en 1999 pour quelque 178 milliards d'euros -, souligne le quotidien économique sur son site internet.
Si tout se déroule bien, l'accord pourrait être officiellement annoncé "dès lundi après-midi", a ajouté la source du WSJ, "une personne au courant de la situation". Le conseil d'administration du groupe britannique devait se rencontrer dimanche et celui de Verizon devait se réunir par la suite, sachant que lundi est férié aux Etats-Unis.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Verizon, Bob Varettoni, a indiqué dimanche ne pas vouloir faire de commentaires sur les dernières informations.
Vodafone avait confirmé jeudi avoir repris des discussions avec l'américain Verizon, tout en insistant sur le fait qu'il n'y avait "aucune certitude" sur l'aboutissement des négociations.
Verizon veut depuis plusieurs années racheter les 45% de son homologue britannique dans Verizon Wireless, le plus gros opérateur américain de téléphonie mobile. Mais faute d'accord sur le prix, les discussions avaient été interrompues en début d'année avant de reprendre récemment.
Selon les termes de l'accord, Verizon paierait pour moitié en numéraire et pour moitié en actions, avance le WSJ. La capitalisation boursière du groupe s'élève actuellement à 135 milliards de dollars.
Concurrence de plus en plus pressante
Cet afflux de liquidités pourrait permettre au groupe britannique de financer son effort de diversification en Europe, et notamment son offre de rachat à 7,7 milliards d'euros du premier câblo-opérateur allemand Kabel Deutschland.
Il interviendrait par ailleurs à un moment où Vodafone fait face à de sérieuses difficultés sur certains marchés, en particulier dans le sud de l'Europe, où les économies ont souffert de la crise de la dette dans la zone euro.
Cette opération permettrait aussi à Vodafone de se débarrasser d'une participation minoritaire qui ne lui assure aucun contrôle sur Verizon Wireless et sa politique de dividende.
"C'est un excellent investissement" et "un actif fantastique qui génère beaucoup de cash tous les mois", avait souligné en mai Vittorio Colao, le directeur général de Vodafone. Mais le groupe a aussi préféré dans le passé se débarrasser de ses participations minoritaires, comme ses 44% dans l'opérateur français SFR, cédés à Vivendi en 2011.
L'opération permettrait parallèlement à Verizon d'avoir les mains entièrement libres pour conduire sa stratégie. "Ce sera beaucoup simple en termes de prises de décision, ils n'auront pas à tout faire valider par Vodafone", a remarqué James Morgan, analyste de S&P Capital IQ.
Ce contrôle est d'autant plus crucial que la concurrence sur le marché de la téléphonie mobile se fait de plus en plus pressante aux Etats-Unis avec l'essor des opérateurs comme T-Mobile ou Sprint, ce dernier bénéficiant d'une assise beaucoup plus solide depuis son rachat en juillet par le groupe japonais de télécommunications Softbank.