Texas Instruments France va supprimer 517 emplois sur 609, entraînant la fermeture de son site de recherche de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), un fleuron de l'économie locale implanté depuis cinquante ans.
Le site de Villeneuve-Loubet compte au total 541 postes, essentiellement ceux d'ingénieurs spécialisés dans l'activité des microprocesseurs destinés à la téléphonie mobile et aux tablettes numériques, selon une porte-parole de la direction.
La maison-mère de Dallas avait annoncé en novembre sa décision d'arrêter cette activité historique en supprimant 1.700 postes dans le monde.
"Elle invoque la concurrence d'Apple et de Samsung, qui fabriquent leurs propres microprocesseurs", précise Philippe Vieira, un ingénieur représentant du syndicat CFDT, dubitatif sur les motivations économiques du groupe texan.
"On ne s'attendait pas à une fermeture du site, on du mal à y croire", note-t-il, en expliquant que les ingénieurs du site espéraient pouvoir travailler sur d'autres produits.
La maison-mère de Dallas va notamment recentrer son activité sur les micro-processeurs embarqués pour l'industrie automobile, qui utilisent la même technologie de processeurs "OMAP".
Texas Instruments entend dégager d'ici fin 2013 des économies annuelles de 450 millions de dollars. La restructuration devrait concerner aussi les Etats-Unis, l'Inde et Israël, où ses sites sont actifs dans la téléphonie mobile.
Le groupe américain s'était installé en 1963 à Villeneuve-Loubet, une commune à l'ouest de Nice, où il disposait à l'époque d'une usine de fabrication de composants et employait quelque 2.000 personnes, dont des ouvriers. Les effectifs avaient fondus lorsque le site s'était consacré entièrement à la recherche-développement.
En 2009, la société de Villeneuve-Loubet avait perdu plus de 300 emplois lors d'un précédent plan social, lorsque la maison-mère avait annoncé la suppression de 3.400 postes dans le monde, soit 12% de ses effectifs.
Seule une équipe de 27 personnes du site, faisant du développement dans le domaine des télécommunications, n'est pas concernée par le plan annoncé mardi par la direction lors d'un comité d'entreprise.
Elle devra néanmoins quitter le domaine de 20 hectares et les locaux de 28.000 m2 situés sur les hauteurs de la ville.
Il s'agit de l'unique unité de recherche-développement de Texas Instruments en France, même si 3 des 517 postes supprimés ne se trouvent pas spécifiquement à Villeneuve-Loubet. Le groupe conserve en revanche ses activités commerciales, basées à Boulogne-sur-Seine.
La direction va se réunir au début de l'année 2013 avec les organisations syndicales pour arrêter des mesures d'accompagnement social (formation, aides à la création d'entreprises, congés de reclassement).
Elle précise que des offres de reclassement seront proposées à l'intérieur du groupe Texas Instruments, notant que 13 nouveaux postes seront créés à Fresing en Allemagne (en raison du regroupement des "fonctions support européennes").
"Texas Instruments France fera également face à ses obligations à l’égard du bassin d’emplois de Villeneuve-Loubet. L’entreprise travaillera avec les représentants de l’Etat et les collectivités locales pour soutenir les initiatives qui permettraient de développer l’emploi dans ce bassin, comme elle l’a fait avec succès à la suite du plan de réorganisation de 2009 en aidant à la création de près de 400 emplois, chiffre supérieur aux objectifs initiaux", souligne aussi la direction dans un communiqué.
Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, s'est déclaré mardi "consterné" par l'annonce de la disparition d'un "pôle d’excellence bâti depuis plusieurs décennies dans le département".