Veolia Transport et Transdev, filiale de la Caisse des dépôts (CDC), se préparent à fusionner, un mariage surveillé de près par l'Etat et qui donnera naissance à un géant mondial des transports publics, mais qui laisse à quai la SNCF, prétendant éconduit.
La CDC a annoncé mercredi soir son intention d'entamer des "négociations privilégiées" avec Veolia, en vue de créer "un leader mondial du transport public de voyageurs". En cas d'accord, le futur champion tricolore pèsera 8,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et comptera 130.000 collaborateurs.
Si les négociations aboutissent comme prévu d'ici début 2010, la future entité née de ce rapprochement sera détenue à 50% par la CDC, qui compte à présent 69,6% de Transdev, et à 50% par Veolia Environnement, maison-mère de Veolia Transport. Une introduction ultérieure en Bourse est également envisagée.
Cette alliance entre le public et le privé reste suspendue à la conclusion d'un accord définitif et nécessite le feu vert de la RATP, qui doit céder sa part de 25,6% dans Transdev, en échange d'actifs des deux opérateurs.
Le comité d'investissements de la CDC, réuni mardi, a donné un avis favorable à ce rapprochement. La fusion se fera à parité au niveau de l'actionnariat et de la gouvernance, a précisé le député Michel Bouvard, président de la Commission de surveillance de la CDC.
Le député UMP était à l'origine favorable à un rapprochement avec Keolis, filiale de la SNCF, mais s'est rallié à l'offre de Veolia après des "concessions majeures" faites par le groupe de services. Veolia a notamment renoncé à être majoritaire dans le capital de la nouvelle entité.
Avant la signature d'un accord, Veolia proposera à la CDC une équipe de direction du nouvel ensemble dans laquelle seraient intégrés des membres de Transdev, explique-t-on de source proche du dossier.
Selon des informations de presse, le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a pesé de tout son poids pour faire pencher la balance en faveur du groupe dirigé par Henri Proglio, qui passe pour un proche du président Nicolas Sarkozy.
Chez Veolia, ont fait cependant valoir que "c'est un beau projet industriel, et pas une question politique". Un porte-parole a mis en avant "la complémentarité géographique" des deux opérateurs: outre la France, Veolia est ainsi très présent en Allemagne, et Transdev aux Pays-Bas.
C'est un coup dur pour la SNCF dont le président Guillaume Pepy avait confirmé encore début juillet son "intérêt" pour Transdev. La SNCF pourrait toutefois obtenir, en guise de consolation, Veolia Cargo, filiale de fret ferroviaire mise en vente par Veolia.
La fusion entre Veolia Transport et Transdev se fera sans sortie de cash: "la parité serait atteinte, après analyse et évaluation des deux entreprises, par ajustement des structures financières", selon la CDC.
Mais ces parités seront difficiles à trouver dans la mesure où Veolia pèse trois fois plus que Transdev, avec un chiffre d'affaires de 6,059 milliards d'euros (contre 2,27 milliards d'euros).
Autre casse-tête, la dette de Veolia: Michel Bouvard a ainsi promis d'être "vigilant" sur "l'endettement de Veolia Transport, qui est beaucoup plus important que celui de Transdev".
La situation financière de Veolia Environnement inquiète depuis plusieurs mois les analystes financiers. Traînant une dette de 16,8 milliards d'euros, le groupe souffre de la récession qui a lourdement affecté la rentabilité de son activité de traitement de déchets industriels.