Les ministres européens des Finances se réunissaient dimanche pour créer un fonds de soutien financier inédit en faveur des pays de la zone euro en difficulté, dans l'espoir de stopper la contagion d'une crise qui menace les fondements l'Union monétaire.
Les ministres des Finances de l'ensemble des 27 pays de l'UE devaient se rencontrer à partir de 15H00 (13H00 GMT) à Bruxelles.
Leur réunion était précédée par une convocation extraordinaire du collège des commissaires de la Commission européenne à partir à 13H00 (11H00 GMT) pour "discuter et adopter" le projet de dispositif qui devait ensuite être proposé aux ministres.
Il s'agira d'un "mécanisme européen de stabilisation destiné à préserver la stabilité financière en Europe", selon la déclaration publiée à l'issue d'un sommet des dirigeants des seize pays de la zone euro vendredi.
Ceux-ci ont demandé qu'un tel fonds soit prêt avant l'ouverture des marchés lundi. Une réunion extraordinaire des ministres des Finances de l'ensemble de l'UE est nécessaire car il s'agit d'approuver un dispositif garanti par les 27 pays du bloc, même s'il est destiné aux 16 de la zone euro.
La question se pose donc de savoir si tous ceux qui n'utilisent pas la monnaie commune seront prêts à apporter une telle garantie.
Signe de la gravité de la situation, le président français Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi ont annulé leur déplacement en Russie dimanche pour les cérémonies du 65e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale.
La crise prend aussi une dimension internationale. Le président américain Barack Obama s'est dit "très préoccupé" par la crise budgétaire grecque et son impact sur les économies européenne et américaine.
Concrètement, le fonds de soutien serait proche de l'idée de Fonds monétaire européen, défendue ces derniers mois par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Il s'agirait de "mobiliser entre 60 et 70 milliards d'euros au sein de son fonds de stabilisation multilatéral", a expliqué à l'AFP une source diplomatique européenne.
Le mécanisme reposerait sur des emprunts contractés par la Commission européenne sur les marchés, avec la garantie des Etats européens. Les contours précis étaient cependant encore en discussion dimanche matin. Le fonds d'urgence fonctionnerait "comme une petite banque ou un petit FMI", selon la source diplomatique. Il s'appuierait sur une clause du traité européen qui permet à l'Union européenne d'apporter une assistance financière à des pays membres en cas de "difficultés" ou de "menace sérieuse de difficultés".
La Banque centrale européenne (BCE) pourrait, si nécessaire, elle aussi prêter de l'argent aux Etats de la zone euro en difficulté, par le biais d'achats des emprunts émis par ces Etats, selon des sources diplomatiques.
La BCE, qui est indépendante, doit cependant en décider seule. Elle était représentée à la réunion dimanche. Le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier, a cependant laissé entendre qu'elle pourrait agir. "Vous pouvez compter sur la Banque centrale pour qu'elle joue son rôle comme elle l'a fait" par le passé, a-t-il dit dimanche à la radio française Europe 1.
Ces décisions en urgence interviennent dans une atmosphère de crise, en raison des inquiétudes sur les capacités de certains Etats européens surendettés à remettre en ordre leurs finances qui minent la confiance dans la monnaie unique et créent de fortes turbulences sur les marchés.
L'UE se trouve contrainte de repenser le projet de l'euro, au moment où elle célèbre les 60 ans de son acte de naissance. C'est en effet il y a exactement soixante ans, le 9 mai 1950, que le Français Robert Schuman, l'un des pères de l'Europe, proposa la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, ancêtre de l'actuelle Union européenne.