La "cellule de chiffrage" de l'Institut de l'entreprise à estimé à plus de dix milliards d'euros les mesures non financées dans le programme de Nicolas Sarkozy comme dans celui de François Hollande, selon une première étude comparative dont l'AFP a obtenu copie jeudi.
Ce "besoin de financement" s'élève à 11,4 milliards d'euros dans le programme du candidat de l'UMP et à 12,1 milliards dans celui de son concurrent du PS, précisent les experts réunis par l'Institut de l'entreprise, un "think tank" patronal dont les chiffrages sont généralement peu contestés.
A leur tête, Eudoxe Denis relève que "Nicolas Sarkozy a entièrement chiffré son programme alors que François Hollande n'a détaillé qu'une partie de l'effort de redressement budgétaire qu'il entend soutenir". En revanche, selon lui, certaines économies avancées par le président sortant "paraissent très ambitieuses ou surestimées".
La cellule relève que le périmètre évalué diffère "sensiblement" d'un programme à l'autre et prévient, en conséquence, qu'il ne serait "pas pertinent de procéder à une comparaison terme à terme".
Evoquant le programme de François Hollande, les experts estiment que pour parvenir à l'équilibre des finances publiques en 2017, un effort de 104 milliards d'euros serait nécessaire sur la durée de son quinquennat.
François Hollande, rappellent-ils, prévoit 29 milliards de prélèvements fiscaux nouveaux affectés à la réduction du déficit. Le solde résulterait d'une réduction des dépenses publiques qui repose toutefois, selon eux, "sur des hypothèses de croissance optimistes".
La cellule relève que le candidat socialiste n'a pas fourni de précisions sur le moyen de contenir la croissance de ces dépenses publiques à 1,1% annuel alors que la tendance "naturelle" est plus proche de 2%.
Ils soulignent aussi que cet objectif "n'est pas totalement cohérent" avec les recrutements envisagés dans la fonction publique, la revalorisation du traitement des fonctionnaires ou l'arrêt d'une application "mécanique" de la suppression d'un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Quant aux 12,1 milliards non "documentés", ils proviendraient pour l'essentiel de 10,3 milliards de promesses de campagne (rénovation énergétique de 600.000 logements anciens par an, petite enfance, internet très haut débit...).
De son côté, le programme de Nicolas Sarkozy souffrirait de dépenses sous-estimées de 2,4 milliards (congé parental fractionné, création de 24.000 places de prison supplémentaires...) et de réductions de dépenses sur-estimées de 2,9 milliards d'euros (réduction du personnel de l'Etat ou des collectivités locales).
Le coût des promesses de campagne oubliées par le chiffrage de l'UMP s'élèverait à 5,3 milliards (réduction des droits de mutation, hausse du salaire des enseignants, permis de conduire...). L'addition serait plombée aussi par des pertes de recettes résultant de mesures annoncées récemment et chiffrées à 200 millions d'euros (exonération de charges pour les séniors) et de recettes supplémentaires qui ne seraient pas au rendez-vous, évaluées à 500 millions d'euros (taxe sur les exilés fiscaux).