Le déficit commercial américain a prolongé en mai sa tendance de réduction entamée mi-2008, alors que les échanges des Etats-Unis avec le reste du monde, freinés par la crise, ne semblent toujours pas repartir.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi par le département du Commerce à Washington, la balance commerciale de la première puissance économique mondiale a affiché un solde négatif de 26 milliards de dollars en mai, son plus bas niveau depuis juillet 1999.
Cette baisse de 9,8% par rapport à avril après deux mois de remontée du déficit a surpris les analystes qui tablaient sur une nouvelle hausse, à 30,0 milliards de dollars.
En glissement annuel, la baisse du déficit commercial américain atteignait 57,1% fin mai.
Le recul de mai procède d'une légère baisse des importations accompagnée d'une hausse un peu plus forte des exportations, favorisées par la baisse du dollar sur le marché des changes.
Mais la chute du volume des échanges sur fond de crise économique mondiale --à l'origine de cette baisse du déficit-- ne semble pas avoir été enrayée puisque l'ensemble des échanges des Etats-Unis avec le reste du monde n'a quasiment pas progressé en mai (+0,4%).
Mercredi, le Fonds monétaire international (FMI) a prédit que le volume des échanges commerciaux de la planète chuterait de 12,2% pour l'ensemble de l'année 2009.
L'amélioration du solde de la balance commerciale a par ailleurs été due pour bonne part à un recul de la facture énergétique, alors même que les prix du pétrole augmentaient.
Le solde négatif de la balance des produits pétroliers a chuté de 11%. Hors pétrole, le déficit commercial américain n'a baissé que de 4,7%.
Pour Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE, la baisse de la facture pétrolière est une anomalie et "n'est pas durable".
Signe de la faiblesse de la demande intérieure américaine, les importations ont baissé pour le dixième mois de suite, de 0,6%, pour tomber à 149,3 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau depuis juillet 2004.
Après deux mois de baisse, les exportations ont crû de 1,6%, leur plus forte hausse depuis juillet 2008, pour atteindre 123,3 milliards de dollars.
La bonne nouvelle, estime M. Shepherdson, est la hausse de la base des exportations (hors produits pétroliers et avions), qui a atteint 1,4%, en mai. Malgré cela, note-t-il, on semble encore être "à des lieues d'une reprise véritable" des exportations "étant donné la morosité de la conjoncture économique mondiale".
S'intéressant aux effets de la balance commerciale sur la croissance américaine, l'économiste indépendant Joel Naroff se réjouit que "parmi tous les effets négatifs de la récession il y [ait] en fait une bonne nouvelle, à savoir la réduction du déficit commercial".
Certes, "les choses sont beaucoup mieux lorsque exportations et importations augmentent en même temps", estime-t-il, mais au moins la baisse du déficit implique que "la croissance pourrait ne pas avoir été aussi faible que beaucoup le prévoyaient".
C'est aussi l'avis de Sal Guatieri, analyste de BMO Capital Markets, pour qui avec une augmentation prévisible de l'épargne plus forte aux Etats-Unis qu'à l'étranger, "le commerce extérieur devrait continuer de soutenir l'économie" et contribuer au retour de la croissance attendu d'ici à la fin de l'année.
Le département du Commerce américain doit publier le 31 juillet sa première estimation du PIB américain pour le deuxième trimestre, qui devrait montrer un nouveau ralentissement de la baisse de l'activité entamée pendant l'hiver.