Des producteurs de viande bovine bloquaient lundi des abattoirs du groupe Bigard, numéro un du secteur en France, pour réclamer une revalorisation des prix, contraignant le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire à annoncer pour le lendemain une réunion de la filière.
Depuis dimanche soir, neuf abattoirs du groupe sont bloqués par quelque 1.500 éleveurs qui, équipés de tracteurs et de matériel agricole, empêchent toute entrée ou sortie des ateliers.
Les éleveurs de l'Ouest ont annoncé en soirée le blocage de trois autres abattoirs à compter de mardi. Parmi les établissements visés, celui du siège du groupe Bigard à Quimperlé (Finistère), selon la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) de Bretagne
Avec cette opération, organisée pour une durée illimitée, les producteurs entendent obtenir une augmentation de 60 centimes le kilo de carcasse du prix de la viande, aujourd'hui payé trois euros.
Parmi les neuf sites actuellement bloqués, trois se trouvent dans l'Ouest -- Cholet (Maine-et-Loire), Cherré (Sarthe), Coutances (Manche). Les autres sont situés dans le Nord (Feignies), la Moselle (Metz), la Saône-et-Loire (Cuiseaux), l'Allier (Villefranche), la Corrèze (Egletons), et le Tarn (Castres).
"Depuis 15 ans les prix aux consommateurs ont augmenté de 40% tandis que le prix versé aux producteurs est resté stable", a fait valoir la Fédération nationale bovine (FNB), à l'origine de ce mouvement qui a reçu l'appui de la FNSEA, premier syndicat agricole français.
Pour tenter de renouer le dialogue entre producteurs et industriels, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire a annoncé une réunion mardi.
"Dans l'ensemble de la filière (...) il faut que tout le monde soit autour de la table, il faut qu'on arrive rapidement à un meilleur prix pour les producteurs", a-t-il ajouté sur Europe 1. "C'est un préalable absolu", a-t-il insisté.
La FNSEA s'est félicitée de cette initiative. Elle "va au moins amener le principal opérateur (groupe Bigard, NDLR) à la table des discussions à laquelle il refusait de se rendre depuis des mois", a déclaré Dominique Barrau, son secrétaire général.
Le groupe, qui assure à lui tout seul 42% de l'abattage français, s'est refusé lundi à tout commentaire. Les informations sur ce groupe familial sont rares. Son site internet ne fait mention que d'une estimation du chiffre d'affaires pour 2008 d'environ 2,5 milliard d'euros, avant l'acquisition de Socopa qui pesait lui-même 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Déjà mal en point depuis quelques années, les producteurs de viande ont vu leur situation se dégrader avec l'envolée cet été des prix des matières premières agricoles, qui a entraîné un surcoût de l'alimentation animale.
"La dernière année de revenus corrects c'était 2006, on rentre en quatrième année de revenus très bas pour les éleveurs de viande bovine" avec un revenu annuel moyen, selon les chiffres du ministère de l'Agriculture, d'environ 10.000 euros par éleveur lors des trois dernières années", fait-on valoir à la FNB.
"Malgré la hausse de 3% de la consommation en viande rouge et la progression des exportations, les prix payés aux éleveurs ne décollent pas!", dénoncent les syndicats. "Le niveau de rémunération des éleveurs est +verrouillé+ par l'aval de la filiale", affirment-ils avec dans leur ligne de mire, le groupe Bigard.
Ces derniers mois le ministre de l'Agriculture a souligné la situation difficile des éleveurs. En septembre, il a annoncé une aide de 300 millions d'euros sur trois ans pour développer les filières de l'élevage. Cette mesure n'a toutefois pas suffi à calmer la colère de certains producteurs, à l'origine d'importantes manifestations lors du salon de l'élevage à Rennes.