Plusieurs dizaines de milliers de personnes s'apprêtaient à manifester contre l'austérité samedi à Wroclaw, en Pologne, à l'occasion de la fin d'une réunion de l'Union européenne marquée par des désaccords persistants sur la réponse à la crise de la dette.
Entamée jeudi soir, cette rencontre au niveau des ministres des Finances des 27 pays de l'UE, a été écourtée samedi officiellement pour permettre aux ministres de s'éclipser avant l'arrivée près du lieu de réunion des protestataires venus de toute l'Europe dénoncer les politiques de rigueur et en faveur de l'emploi.
Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, venu vendredi faire la leçon aux Européens sur la manière de faire face à la crise d'endettement excessif qui inquiète désormais le monde entier, est reparti dans la soirée.
La Confédération européenne des syndicats (CES), qui organise le rassemblement prévu pour débuter en milieu de journée, attend plus de 30.000 participants.
L'organisation déplore le manque de moyens déployés en zone euro pour lutter contre les turbulences sur les marchés, tels que des euro-obligations qui permettraient une mutualisation de la dette. Elle s'insurge également contre les règles d'or budgétaires mises en place en France et en Italie notamment, accusées de créer du chômage et plus d'inégalités sociales.
Vendredi, les ministres des Finances avaient approuvé le principe d'un renforcement du Pacte de stabilité, l'instrument chargé de faire la police des déficits publics dans l'UE, avec des sanctions financières prévues pour les pays trop laxistes.
Paralysés par leurs désaccords sur la Grèce, les ministres se sont penchés samedi en Pologne sur un autre sujet de discorde: le projet de taxe sur les transactions financières ardemment défendue par Paris et Berlin. Le ministre belge des Finances, Didier Reynders a aussi défendu cette taxe qui serait un outil "important, non seulement pour financer le budget (européen) mais pour stabiliser les flux des marchés financiers".
Une proposition de la Commission européenne doit être faite début octobre sur le sujet.
Vendredi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait défendu la création d'un tel outil, y compris aux Etats-Unis, mais avait reçu une fin de non recevoir. M. Geithner l'a "strictement rejetée", a rapporté la ministre autrichienne Maria Fekter. A défaut de pouvoir mettre en place cette taxe au niveau mondial, "nous le ferons dans l'Union européenne, et si c'est impossible, dans la zone euro", a affirmé, volontariste, M. Reynders samedi.
La question est loin de faire l'unanimité au sein de l'UE. "Il y a des divisions considérables à ce sujet", a reconnu le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski, alors que de nombreux Etats craignent qu'une taxe sur les transactions financières circonscrite à l'Union européenne "aboutisse purement et simplement à ce que les transactions se déplacent hors de la zone".
Sur la Grèce, la réunion de Wroclaw n'a pas permis d'avancer sur la concrétisation du second plan d'aide de près de 160 milliards d'euros promis à la Grèce, menacée sans perfusion financière internationale d'un défaut de paiement.
La mise en oeuvre des décisions prises le 21 juillet "prend un certain temps, car nous vivons en démocratie, mais début octobre tout sera en place", a assuré le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden.
Le dossier grec bloque en particulier sur l'exigence finlandaise de garanties financières en échange de nouveaux prêts. La difficulté est d'éviter d'affaiblir le plan de soutien à la Grèce et d'empêcher que trop d'Etats demandent ensuite le même traitement.
"Nous négocions en continu, mais il n'y a rien de nouveau pour l'instant", a déclaré samedi la ministre finlandaise des Finances, Jutta Urpilainen.