Le Fonds monétaire international a estimé jeudi que la zone euro devrait connaître un début de "reprise modeste" dans le courant du premier semestre 2010, mais en reconnaissant de "fortes incertitudes" pour ce scénario et sans exclure "un petit risque de déflation".
Malgré cet espoir de redémarrage, le FMI continue à tabler dans son rapport annuel sur la zone euro sur une récession l'an prochain, avec un recul de 0,3% du Produit intérieur brut (PIB), très inférieur toutefois à celui attendu cette année, de 4,8%. Il confirme ainsi son précédent pronostic du 8 juillet.
"La zone euro est en récession, avec des signes d'amélioration qui doivent encore se transformer en reprise", explique le Fonds.
Selon lui, "la contraction de l'activité devrait ralentir pendant le reste de l'année 2009 et permettre une reprise modeste qui débutera au premier semestre 2010".
La Commission européenne table également jusqu'ici sur une sortie de la récession courant 2010. Au vu d'indicateurs économiques encourageants, certains économistes n'excluent pas de leur côté une reprise dès cette année.
Le FMI souligne cependant que le scénario de reprise en 2010 "reste entouré d'importantes incertitudes" et que "la reprise devrait être lente et sujette à des risques considérables", alors que "les tensions dans le système financier, les défaillances d'entreprises et la confiance fragile pèsent sur la reprise".
L'institution financière juge par ailleurs qu'"un faible risque de déflation", définie comme un recul généralisé et prolongé des prix, signe d'une grave crise économique, "reste présent" dans la zone euro.
Le FMI est "en léger désaccord" sur ce point avec la Banque centrale européenne (BCE), qui écarte jusqu'ici le risque de déflation, a reconnu lors d'une conférence téléphonique le directeur du département Europe du Fonds, Marek Belka.
Pour le FMI, si ce risque est "minime", un recul prolongé des prix n'est pas à écarter "si la récession continue et si la situation sur le marché de l'emploi s'aggrave pour une période plus longue" que prévu, a-t-il dit.
Le FMI souligne par ailleurs que le système financier de la zone euro "reste sous une pression considérable", et salue les tests de résistance ("stress tests") menés actuellement de manière coordonnée au niveau européen, pour évaluer l'état de santé des banques.
Mais il enjoint les responsables de "changer de vitesse" dans leur action pour "assainir le secteur financier", en publiant les résultats de ces tests, puis en les faisant suivre de mesures de "recapitalisation et, quand cela est nécessaire, de restructuration" ou de démantèlement des établissements non viables.
"Si vous voulez rétablir la confiance, c'est la façon de procéder", a souligné Marek Belka.
Le Fonds estime par ailleurs que les mesures de relance budgétaires "devront continuer à soutenir l'activité économique en 2010". Mais des plans "crédibles" de redressement des finances publiques devraient aussi "être mis en place" afin de réduire les déficits qui ont explosé du fait de la crise, indique-t-il.