Les prix enregistrent un recul record dans la zone euro, une bonne nouvelle a priori pour les consommateurs, mais le chômage continue à augmenter, au plus haut depuis dix ans, montrant que les effets de la récession continuent à se faire durement sentir.
Les prix à la consommation se sont repliés de 0,6% en juillet dans les 16 pays partageant la monnaie unique, après déjà un recul de 0,1% en juin et une stagnation des prix en mai, selon des statistiques publiées vendredi.
L'inflation est négative pour le deuxième mois consécutif, du jamais vu depuis la création de la zone euro en 1999.
Selon les premiers chiffres publiés, elle a été nulle en Italie, tandis que les prix ont reculé de 1,4% sur un an en Espagne et de 1,68% en Belgique. En Allemagne, ils ont baissé de 0,6%, du jamais vu depuis mars 1987.
Cette baisse des prix est a priori bienvenue pour les consommateurs, affectés par la crise.
"Cela augmente leur pouvoir d'achat, ce qui à un moment de crise et pour ceux qui perdent leur emploi est toujours bon à prendre", a commenté la porte-parole de la Commission européenne pour les Affaires économiques, Amelia Torres.
Cependant, elle a souligné que ce recul devrait être temporaire car il est dû essentiellement à un effet de comparaison par rapport à l'an dernier, lorsque les prix du pétrole avaient flambé à l'été 2008. Ils avaient augmenté tout comme ceux des produits alimentaires, entraînant l'inflation à un pic historique de 4%.
Par ailleurs, "on est loin d'avoir une baisse généralisée des prix", car "si on examine les chiffres du mois dernier (...), seulement 18% des prix avaient enregistré une baisse", a-t-elle ajouté.
Ce repli des prix pourrait en effet devenir préoccupant s'il venait à s'installer trop longtemps, avec le risque d'une déflation, définie comme un recul généralisé et prolongé des prix, signe d'une grave crise économique qui s'auto-entretient.
La Commission européenne, tout comme la Banque centrale européenne (BCE), gardienne de la stabilité des prix en zone euro, l'excluent cependant jusqu'ici.
Le Fonds monétaire international (FMI), en revanche, a évoqué jeudi dans un rapport annuel sur la zone euro "un faible risque de déflation" dans la zone euro si la récession devait continuer et la situation sur le marché de l'emploi empirer.
En parallèle, le chômage continue à augmenter, sous l'effet de la crise économique, selon d'autres données publiées vendredi par Eurostat.
Il a progressé à 9,4% en juin, au plus haut depuis juin 1999, avec près de 15 millions de personnes sans emploi, a indiqué l'office statistique. C'est moins que prévu par les économistes, qui tablaient sur 9,7%. En mai, le taux avait été de 9,3%.
Le chômage, indicateur qui réagit toujours avec un décalage par rapport à l'évolution de la conjoncture, devrait encore continuer à grimper, selon les économistes, malgré un regain de la confiance des entrepreneurs et consommateurs.
"La hausse du chômage va peser sur la consommation dans la zone euro" et cela "menace de l'emporter sur l'augmentation du pouvoir d'achat" résultant dans les mois à venir du recul des prix, a souligné Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.