par Alan Charlish et Anna Wlodarczak-Semczuk
VARSOVIE (Reuters) - L'Otan doit prendre des mesures "concrètes" pour résoudre la crise déclenchée par l'afflux de migrants à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, a déclaré le Premier ministre polonais, ajoutant que son pays, la Lituanie et la Lettonie pourraient invoquer l'article 4 du traité de l'Atlantique nord.
Cet article prévoit que tout pays membre de l'organisation peut à tout moment demander l'ouverture des consultations s'il juge que son intégrité territoriale, son indépendance politique et sa sécurité sont menacés.
"Nous discutons avec la Lettonie et surtout avec la Lituanie de l'éventualité de déclencher l'article 4 du traité de l'Otan", a dit Mateusz Morawiecki à l'agence de presse officielle polonaise PAP.
"Pour nous, exprimer publiquement sa préoccupation n'est pas suffisant; nous avons désormais besoin de mesures concrètes et de l'engagement de l'ensemble de l'alliance", a-t-il ajouté.
Plusieurs milliers de migrants sont arrivés ces derniers mois en Biélorussie dans le but d'entrer dans l'Union européenne mais se trouvent aujourd'hui bloqués à la frontière avec la Pologne, une situation qui fait craindre une crise humanitaire à l'arrivée de l'hiver et avive la tension entre l'UE et le pouvoir biélorusse.
Bruxelles accuse le président Alexandre Loukachenko d'avoir organisé un "trafic" de candidats à la migration dans le but de contraindre l'UE à lever les sanctions qui visent son régime depuis sa réélection contestée d'août 2020, une accusation que Minsk réfute.
DE NOUVELLES SANCTIONS DE L'UE ATTENDUES LUNDI
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient adopter lundi de nouvelles sanctions contre des responsables biélorusses mais aussi contre des compagnies aériennes et des agences de voyage impliquées dans l'arrivée des migrants, a déclaré au Journal du Dimanche le haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères, Josep Borrell.
De son côté, Mateusz Morawiecki a dit à PAP que les nouvelles sanctions envisagées par l'UE pourraient aller jusqu'à "la fermeture complète de la frontière".
Il a ajouté que l'UE devrait participer financièrement à la construction d'un "mur" à la frontière.
Alors que plusieurs pays de la région ont mis en garde contre le risque de voir cette crise dégénérer en affrontement armé, le président russe, Vladimir Poutine, principal allié et soutien d'Alexandre Loukachenko, a déclaré que son pays était prêt à contribuer à la résolution de la crise.
En attendant, sur le terrain, les forces de sécurité polonaises ont déclaré dimanche s'attendre à une nouvelle "tentative de grande ampleur" d'entrée en Pologne.
Samedi, un groupe d'une cinquantaine de migrants est parvenu à franchir la frontière près du village de Starzyna, a annoncé la police. Tous les membres du groupe ont été interpellés et ramenés à la frontière, a précisé par la suite une porte-parole des gardes-frontières à PAP.
La police a également rapporté qu'un policier avait été admis à l'hôpital après avoir été touché par un jet de pierre.
Le porte-parole des services de sécurité polonais, Stanislaw Zaryn, a évoqué quant à lui sur Twitter (NYSE:TWTR) des informations selon lesquelles des camions ont acheminé des pierres et des gravats d'entreprises de construction biélorusses vers des zones proches de la frontière.
(Reportage Alan Charlish et Anna Wlodarczak-Semczuk, version française Marc Angrand)