LISBONNE (Reuters) - Les températures élevées enregistrées en Europe en juillet ont déclenché une vague de chaleur marine en Méditerranée qui risque de détruire des écosystèmes et des espèces dans les semaines à venir, avertissent des scientifiques.
L'air plus chaud, les courants océaniques et la stabilité de la surface de la mer contribuent à un réchauffement des zones côtières méditerranéennes de plusieurs degrés par rapport à la température moyenne de 24°C à 26°C pour cette période de l'année.
Les eaux entre les îles Baléares espagnoles et la côte italienne sont jusqu'à 5°C plus chaudes que l'année dernière à la même époque, a indiqué vendredi l'agence météorologique espagnole AMET, tout en prévenant que les températures autour de la côte espagnole seraient supérieures de 3°C à 4°C jusqu'à la mi-août au moins.
L'autorité portuaire espagnole a indiqué dans un communiqué que les eaux de Cabo de Gata, dans le sud-est du pays, ont enregistré lundi une température record de près de 28°C sur dix ans.
Les vagues de chaleur marines, moins notables que les vagues de chaleur terrestres, sont de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique, ce qui menace des écosystèmes déjà mis à mal par la surpêche et la pollution plastique.
La température de l'eau à Nice (Alpes-Maritimes) a été mesurée à 29,2°C le 25 juin, soit environ 3,5°C de plus que le même jour l'année dernière, a déclaré l'océanologue Jean-Pierre Gattuso à Reuters.
"C'est un record absolu depuis au moins 1994 et très probablement avant", a-t-il dit.
"L'océan et la mer sont en quelque sorte une éponge pour la chaleur", a expliqué le scientifique.
Des vagues de chaleur sont également survenues en Méditerranée de 2015 à 2019, entraînant des pertes massives au sein de la vie marine, selon une étude de l'Institut des sciences marines d'Espagne.
"[La vague de chaleur cette année] est plus longue, et son ampleur est également plus grande", souligne Jean-Pierre Gattuso. Les disparitions "surviendront probablement plus tard en août".
(Reportage Catarina Demony à Lisbonne, Gloria Dickie à Londres et Emma Pinedo Gonzalez à Madrid; version française Alizée Degorce, édité par Sophie Louet)