par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Les 300 membres du Conseil national du Parti socialiste se réunissent ce jeudi soir pour valider l'accord passé avec La France insoumise (LFI) en vue des élections législatives de juin, objet de joutes au sein du parti historique menacé d'extinction après son score calamiteux de la présidentielle.
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour de la course à l'Elysée avec 22% des voix et qui ambitionne d'imposer une cohabitation au président réélu Emmanuel Macron, a également scellé un accord électoral avec les écologistes et les communistes.
Jugé contre nature voire suicidaire par des leaders socialistes comme l'ancien président François Hollande et l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a mis à exécution sa menace de quitter le parti, l'alliance avec un camp jusqu'ici considéré comme un frère ennemi est jugée indispensable à la survie du PS par l'actuel premier secrétaire Olivier Faure dont la ligne est majoritaire au Conseil national.
"L'accord va être assez compliqué à expliquer et à faire passer en Conseil national", a dit à Reuters l'ancienne députée Corinne Narassiguin, numéro deux du parti.
Pour ses détracteurs, la "reddition" du PS au profit de l'extrême gauche trahit les idéaux du parti de Jean Jaurès et François Mitterrand, notamment sur les questions relatives à la laïcité et à la construction européenne.
D'après un sondage Elabe pour BFMTV et SFR (EPA:SFRGR) publié mercredi, le rapprochement entre La France insoumise, EELV, le PS et le PC - baptisé Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) - est plébiscité par 54% des Français et par 84% des sympathisants socialistes.
Le compromis réserve 70 circonscriptions (hors outre-mer) au PS, contre une centaine pour EELV et une cinquantaine pour les communistes.
DISSIDENCES
Un chiffre honorable, estiment les négociateurs, au regard du score de la candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo (1,75% des voix) que nombre de socialistes jugent néanmoins inacceptable pour un parti largement implanté au sein des collectivités locales.
Parmi les circonscriptions posant problème figure la 15e circonscription de Paris, où l'insoumise historique Danielle Simonnet est investie au détriment de la socialiste Lamia El Aaraje, proche d'Anne Hidalgo.
La répartition des candidatures proposée dans le Val-d'Oise (sept LFI, deux écologistes et un socialiste) est "juste inacceptable car totalement déconnectée de la réalité du terrain et de la présence des élus", a estimé pour sa part sur Twitter (NYSE:TWTR) le sénateur Rachid Témal.
En Occitanie, la présidente de région Carole Delga s'est affichée aux côtés de candidats socialistes partis en campagne avant l'accord passé avec LFI. Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a pour sa part "suspendu sa cotisation" au PS en signe de protestation.
L'actuelle direction du PS doit aussi composer avec le courroux des figures historiques comme François Hollande, qui "récuse" l'accord avec LFI, l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault et l'ancien ministre Stéphane Le Foll, qui s'est déclaré sur France 2 prêt à "conduire la campagne" dissidente de "tous ceux qui vont être candidats quand même parce qu'ils n'accepteront pas l'accord".
D'anciens responsables socialistes comme François Rebsamen et Marisol Touraine ont pour leur part rejoint le camp d'Emmanuel Macron avant la présidentielle.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)