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par Juliette Jabkhiro
PARIS (Reuters) - Salah Abdeslam, présenté comme le seul membre encore vivant des commandos djihadistes du 13 novembre 2015 à Saint-Denis et Paris, a une nouvelle fois affirmé son allégeance au groupe Etat islamique (EI) mercredi devant la justice, tout en insistant sur le fait qu'il n'a "tué personne".
Comme au début du procès des attentats du 13-Novembre en septembre devant une Cour d'assises spécialement composée à Paris, où il s'était présenté en "soldat de l'Etat islamique", Salah Abdeslam a assumé son soutien au groupe djihadiste qui contrôlait à l'époque un vaste territoire en Irak et en Syrie.
"Pour moi, le monde occidental impose son idéologie et ses valeurs au reste du monde. On voit que dans beaucoup de pays arabes et musulmans, les valeurs occidentales prennent le dessus sur les valeurs islamiques. Pour nous les musulmans, c'est une humiliation", a déclaré Salah Abdeslam.
"Je supporte l'Etat islamique et je les aime car ils sont la tous les jours, ils combattent, ils se sacrifient", a-t-il insisté, en écho aux propos qu'il avait tenus il y a cinq mois et qui avaient été à l'époque reçus comme une "provocation" par les parties civiles.
Il a aussi multiplié les remarques désobligeantes envers le président de la Cour, Jean-Louis Périès, l'invitant notamment à un moment de son audition à "respirer un grand coup".
Le Français d'origine marocaine de 32 ans, qui ne devait être interrogé mercredi que sur son parcours pendant les mois qui ont précédé les attentats, et non sur ses actes le soir où 130 personnes ont été tuées près du stade de France, sur les terrasses de café parisiens et au Bataclan, a cependant semblé chercher à minimiser sa propre responsabilité.
"JE N'AI TUÉ PERSONNE"
"Je tenais à dire aujourd'hui que je n'ai tué personne, et que je n'ai blessé personne", a-t-il dit au cours d'une déclaration spontanée avant son interrogatoire. "Même une égratignure, je ne l'ai pas faite. C'est important pour moi de le dire, car depuis le début de cette affaire, on n'a cessé de me calomnier."
Les enquêteurs pensent que Salah Abdeslam devait commettre un attentat-suicide dans le XVIIIe arrondissement de Paris mais qu'il y a soit renoncé à la dernière minute, soit été empêché par un dysfonctionnement de sa ceinture explosive. Il avait été exfiltré vers la Belgique par deux de ses amis le 14 novembre, malgré un contrôle de police qui n'avait pas permis de l'identifier comme suspect potentiel.
"On ne peut pas nier que j'ai un parcours de combattant", a-t-il concédé devant la Cour, tout en affirmant ne s'être jamais rendu en Syrie et ne pas avoir été davantage au courant du retour en Europe du djihadiste belge d'Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le chef des commandos du 13-Novembre, pourtant son "meilleur ami".
Disant n'avoir prêté allégeance à l'EI que 48 heures avant les attentats à Paris, Salah Abdeslam les a une nouvelle fois présentés comme une réponse "militaire" aux bombardements de la coalition internationale en Irak et en Syrie.
"Les attaques, c'était des opérations militaires qui avaient pour but de faire cesser les bombardements de la coalition", a-t-il affirmé, répétant la justification régulièrement utilisée par les djihadistes.
"Ils (les auteurs des attaques) ont répondu à l'agression de la France et de l'Occident, et s'ils ont tué des civils, c'était pour marquer les esprits", a-t-il ajouté.
(Reportage Juliette Jabkhiro, rédigé par Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)