TUNIS (Reuters) - Le Conseil supérieur de la magistrature tunisien, censé garantir le bon fonctionnement et l'indépendance du système judiciaire, a rejeté dimanche la décision du président Kaïs Saïed de le dissoudre et affirmé qu'il continuerait à exercer ses fonctions.
Kaïs Saïed a déclaré que le Conseil appartenait au passé et qu'il publierait un décret temporaire à son sujet.
Interrogé au téléphone par Reuters à la suite de cette annonce, le président du Conseil supérieur de la magistrature, Youssef Bouzakher, a dénoncé une décision illégale visant à placer l'appareil judiciaire sous le contrôle du chef de l'Etat.
Une manifestation est prévue dimanche à Tunis à l'appel de partis politiques et d'organisations telles que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), au neuvième anniversaire de l'assassinat du militant laïque Chokri Belaïd.
Les adversaires de Kaïs Saïed l'accusent de dérive autocratique depuis qu'il s'est arrogé de fait tous les pouvoirs en juillet en suspendant les travaux du Parlement et en décidant une réforme de la Constitution.
Les partisans du chef de l'Etat ont pour leur part prévu de manifester contre le Conseil supérieur de la magistrature ce dimanche.
"Je dis aux Tunisiens qu'ils peuvent manifester librement. C'est leur droit. Tout comme nous avons le droit de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature", a déclaré le président.
(Reportage Tarek Amara; version française Camille Raynaud, Bertrand Boucey et Elizabeth Pineau)