MOSCOU (Reuters) - Moscou a annoncé dimanche que l'Ukraine avait lancé 35 drones contre plusieurs régions de Russie, et que l'un d'entre eux avait provoqué un incendie dans une raffinerie de pétrole dans la région de Krasnodar au troisième et dernier jour de l'élection présidentielle russe.
Le ministère russe de la Défense a indiqué sur Telegram que 17 drones avaient été abattus au-dessus de cette région du sud de la Russie. Cinq drones ont également été abattus au-dessus de la région de Moscou, sans faire de victime, a dit le maire de la capitale Sergei Sobyanin sur Telegram, tandis que six autres ont été interceptés au-dessus d'autres régions, a ajouté le ministère de la Défense.
L'autorité russe d'Etat en charge de l'aviation a indiqué que les aéroports moscovites de Domodedovo, Vnukovo et Zhukovsky avaient imposé dans la foulée des restrictions de vol pour des questions de sécurité, mais celles-ci ont été levées moins d'une heure plus tard.
Selon Vladimir Rogov, un responsable installé par Moscou dans la région urkrainienne de Zaporijjia contrôlée par les forces russes, deux des drones ont frappé un bureau de vote, provoquant un incendie mais sans faire de victime, a-t-il indiqué sur Telegram.
Reuters n'a pas été en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante.
La veille, un missile ukrainien avait fait deux morts dans la région de Belgorod et une attaque distincte à l'aide d'un drone avait provoqué un incendie dans une raffinerie de pétrole dans celle de Samara.
Quasiment assuré de remporter un nouveau mandat de six ans à l'issue de ce scrutin organisé sur trois jours - la Russie couvre onze fuseaux horaires - Vladimir Poutine a accusé l'Ukraine de chercher à perturber les opérations de vote en Russie un peu plus de deux ans après le début de l'invasion de son voisin par cette dernière.
"MIDI CONTRE POUTINE"
Le partisans d'Alexei Navalny, décédé le mois dernier en prison dans des circonstances inexpliquées, ont appelé les Russes à se rendre dans les bureaux de vote à 12h00 heure locale pour un "midi contre Poutine" pour protester contre le chef de l'Etat, qu'ils décrivent comme un autocrate corrompu.
Plusieurs incidents isolés ont marqué le scrutin, quand des électeurs ont mis le feu à des urnes ou déversé dedans du colorant pour protester contre la situation, leur valant des accusations de "traitres" de la part des autorités russes.
Environ une centaine de personnes se sont rendues à midi heure locale - 05h00 GMT - dans un bureau de vote de la ville sibérienne de Novosibirsk, mais il n'était pas possible d'estimer dans l'immédiat de manière indépendante si ces électeurs entendaient ainsi protester, ou simplement voter.
Les conditions de sécurité dans les bureaux sont extrêmement sévères avec la présence de plusieurs dizaines de milliers de policiers et de responsables de sécurité.
Des journalistes de Reuters ont obervé une légère augmentation du nombre d'électeurs, en particulier des jeunes, à midi dans plusieurs bureaux de vote à Moscou et Ekaterinbourg. Certains ont dit qu'ils entendaient ainsi protester contre le régime, mais rares étaient les signes extérieurs permettant de les distinguer des électoeurs ordinaires.
Leonid Volkov, un conseiller d'Alexei Navalny en exil, a estimé pour sa part que plusieurs centaines de milliers de personnes étaient sorties voter volontairement à midi à Moscou, Saint-Petersbourg, Ekaterinbourg et dans d'autres agglomérations.
Le Kremlin espère une participation élevée pour prouver le soutien de la population russe à son président. L'agence TASS a annoncé dimanche midi que celle-ci avait atteint 67,54%, dépassant le niveau de 2018 (67,5%).
Un sondage de sortie des urnes sera publié peu après la fin du scrutin, prévue à 18h00 GMT. Le record de participation enregistré dans une élection présidentielle moderne en Russie reste celui de juin 1991, quand il avait atteint 74,5%.
En France, le conflit avec la Russie a été au coeur du discours du chef de file de La France insoumise lors du meeting de lancement de la campagne de LFI pour l'élection européenne du 9 juin. "C'est la première fois que votre bulletin de vote fera de vous le bras prolongé qui a commencé à la poitrine de Jean Jaurès, si vous ne voulez pas de la guerre, votez Insoumis", a-t-il dit.
Dans le Parisien, le président de la République Emmanuel Macron a redit que les pays européens ne pouvaient exclure des opérations pour contrer les forces russes. "Peut-être qu'à un moment donné, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient", a-t-il dit, avant d'ajouter: "Je ne le souhaite pas, je n'en prendrai pas l'initiative".
Selon l'agence de presse d'Etat TASS, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a réagi à la proposition d'Emmanuel Macron d'un cessez-le-feu en Ukraine pendant les Jeux olympiques de Paris cet été, en lui proposant de cesser les livraisons d'armes à l'Ukraine.
La veille au soir, dans une interview postée par un journaliste ukrainien sur sa chaîne YouTube, le président de la Répubique a déclaré: "La demande d'un cessez-le-feu pendant les Jeux olympiques. Ils (les Russes) doivent le faire. C'est ce qui s'est toujours produit. Ce sera réclamé."
A côté des attaques ukrainiennes contre la Russie, l'armée de Kyiv a annoncé dimanche que des attaques aériennes russes avaient endommagé des entreprises agricoles et détruit plusieurs bâtiments industriels dans le port d'Odessa, sur la mer Noire, dans la nuit de samedi à dimanche.
(Guy Faulconbridge, Andrew Osborn et Oleksandr Kozhukhar, version française Camille Raynaud et Gilles Guillaume)