LVIV, Ukraine (Reuters) - Vladimir Poutine a défendu mardi l'invasion de l'Ukraine par la Russie, une "tragédie", au motif que le Kremlin n'avait d'autre choix que d'intervenir militairement pour se protéger contre les forces "anti-russes".
Lors du lancement de l'offensive sur l'Ukraine le 24 février, le président russe avait déclaré que cette "opération militaire spéciale" visait à démilitariser et à "dénazifier" l'Ukraine.
Mardi, lors d'un discours à l'occasion d'une remise de récompenses et une rare conférence de presse, il a notamment affirmé que le principal objectif de l'intervention militaire russe était de "sauver" les habitants du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, où des séparatistes pro-russes combattent les forces ukrainiennes depuis 2014. Un "noble" objectif, a-t-il dit.
Les civils continuaient mardi de fuir les villes de l'est de l'Ukraine avant une nouvelle offensive des troupes russes, qui sont accusées d'avoir usé d'armes chimiques dans la ville portuaire de Marioupol.
La bataille pour le contrôle de Marioupol est entrée dans une phase décisive. Une poche de résistance ukrainienne demeure dans la zone industrielle d'Azovstal.
Si les Russes parviennent à s'emparer d'Azovstal, ils prendront le contrôle total de Marioupol, pivot entre les zones tenues à l'ouest et à l'est.
La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a déclaré que le gouvernement vérifiait des informations selon lesquelles la Russie aurait utilisé des armes chimiques lors du siège de la ville.
"Il existe une théorie selon laquelle il pourrait s'agir de munitions au phosphore", a-t-elle dit.
Le président ukrainien, Volodimir Zelensky, a déclaré lundi soir que la Russie pourrait recourir aux armes chimiques mais il n'a pas évoqué l'utilisation de telles armes jusqu'à présent.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont déclaré qu'ils essayaient de vérifier ces informations. Toutes les options seraient envisageables si l'usage d'armes chimiques était avéré, a dit le sous-secrétaire d'Etat britannique aux forces armées, James Heappey.
"EVACUEZ!"
La production, l'utilisation et le stockage d'armes chimiques sont interdits par la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) de 1997. L'utilisation du phosphore blanc, bien que condamné par les groupes de défense des droits de l'homme, n'est pas interdit par la CIAC.
Le ministère russe de la Défense n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de Reuters. Les forces séparatistes soutenues par la Russie ont nié avoir utilisé des armes chimiques à Marioupol, selon l'agence de presse Interfax.
Face à la résistance ukrainienne, les Russes ont abandonné leur tentative de prendre Kyiv, la capitale ukrainienne. Ils redoublent d'efforts dans l'Est où les forces ukrainiennes se sont retranchées.
Le gouverneur de la région de Louhansk, Serhi Gaïdaï, a exhorté les habitants à évacuer la zone en empruntant les cinq couloirs humanitaires disponibles.
"C'est beaucoup plus effrayant de rester et de brûler dans son sommeil à cause d'un obus russe", a-t-il écrit sur les médias sociaux. "Evacuez, la situation empire de jour en jour. Prenez vos affaires essentielles et dirigez-vous vers le point de ramassage."
Au total, neuf couloirs humanitaires ont été ouverts pour le 12 avril, dont un à partir de Marioupol, a déclaré la vice-Première ministre ukrainienne, Irina Verechtouck.
L'état-major général des forces armées ukrainiennes a déclaré qu'outre Marioupol, les forces russes avaient l'intention de s'emparer de Popasna, une ville située entre Donetsk et Louhansk, et étaient prêtes à lancer une offensive en direction de Kourakhove.
Les troupes ukrainiennes ont repoussé des attaques russes à la fois à Louhansk et à Donetsk, a-t-il ajouté.
Le président Zelensky a plaidé dans la nuit de lundi à mardi pour que les Occidentaux fournissent davantage d'armes à l'armée ukrainienne afin de l'aider à mettre fin au siège de Marioupol et à repousser l'offensive attendue dans l'Est.
"Malheureusement, nous n'obtenons pas tout ce dont nous avons besoin pour mettre fin à cette guerre plus rapidement(...) en particulier, pour lever le blocus de Marioupol", a-t-il déclaré.
(Reportage bureau de Reuters, rédigé par Simon Cameron-Mooreet Angus MacSwan, version française Anait Miridzhanian, édité par Sophie Louet)