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Areva est encore loin d'avoir remporté la mise en Chine

Publié le 11/01/2018 17:04
Mis à jour le 11/01/2018 17:10
© Reuters. AREVA EST ENCORE LOIN D'AVOIR REMPORTÉ LA MISE EN CHINE

par David Stanway et Geert De Clercq

SHANGHAI/PARIS (Reuters) - La finalisation d'un contrat espéré de longue date par Areva (PA:AREVA) pour construire une usine de traitement-recyclage en Chine, pour quelque 10 milliards d'euros, apparaît de plus en plus improbable malgré la visite d'Etat d'Emmanuel Macron en début de semaine.

Le groupe nucléaire, recentré sur le cycle du combustible, a signé à cette occasion un nouveau protocole d'accord sur ce projet avec China National Nuclear Corp (CNNC), mais la délégation française a encore une fois échoué à obtenir la signature d'un contrat en bonne et due forme.

Depuis que les discussions sur le sujet ont commencé - il y a plus de dix ans, alors que les cours de l'uranium étaient au plus haut - une série de protocoles d'accords non engageants franco-chinois ont été signés pour la construction d'une usine bâtie sur le modèle des sites de la Hague (Manche) et Melox (Gard).

L'usine de Melox exploitée par Areva fabrique des assemblages de combustibles MOX - élaborés à partir d'un mélange d'oxydes d'uranium et de plutonium -, permettant de recycler le plutonium issu des combustibles usés récupérés lors des opérations de traitement sur le site de la Hague.

Mais l'accident de Fukushima, survenu en 2011, ainsi que la concurrence des renouvelables ont freiné le secteur nucléaire et entraîné une chute des prix de l'uranium, rendant le processus de recyclage - coûteux et dangereux - moins attractif.

Li Ning, doyen du collège sur l'énergie de l'université de Xiamen et membre d'un comité d'Etat sur les technologies nucléaires (SNPTC), juge "assez faible" la probabilité que la Chine signe un contrat formel avec Areva.

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"En Chine, aucun nouveau projet de réacteur n'a été approuvé en deux ans, ce qui reflète l'abondance d'électricité produite par d'autres sources et les inquiétudes au sujet du nucléaire, donc il n'est pas très urgent de construire cette usine", a-t-il également dit à Reuters.

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a de son côté déclaré mardi que la France avait obtenu "l'assurance du contrat" et de "sa signature au printemps".

Mais des ministres et des dirigeants d'Areva ont déjà tenu des propos similaires.

"ON NE SIGNE PAS DE CONTRAT AUJOURD'HUI"

En 2007, l'ex-présidente du groupe Anne Lauvergeon déclarait ainsi qu'Areva pourrait travailler à la construction d'ici à deux ou trois ans en Chine d'une usine de retraitement d'uranium pour près de 15 milliards d'euros, ajoutant toutefois : "Mais on ne signe pas de contrat aujourd'hui."

Dans une déclaration diffusée mercredi, CNNC a pour sa part évoqué un "approfondissement de la coopération nucléaire franco-chinoise", mais sans mentionner le recyclage de combustible.

Philippe Knoche, le directeur général de "New Areva" - nom donné provisoirement au groupe dans le cadre de sa restructuration - s'est de son côté réjoui "de la finalisation prochaine des négociations et du démarrage de ce projet emblématique (...) en 2018".

La localisation de l'usine d'Areva pose en outre problème, le choix éventuel de la ville côtière de Lianyungang - à 500 km environ au nord de Shanghai - ayant suscité en 2016 de violentes manifestations des habitants, contraignant à l'arrêt des travaux préliminaires et à la recherche de nouveaux sites d'implantation potentiels.

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Une source industrielle ayant évoqué le projet avec CNNC indique que la Chine est encore loin d'avoir arrêté son choix sur un nouveau site et qu'il est donc peu probable qu'un contrat soit signé prochainement.

"Le temps joue contre Areva et la plupart des acteurs de l'industrie sont sceptiques. Quelle est l'urgence ?"

Bruno Le Maire a reconnu que les discussions avec les Chinois étaient "extraordinairement difficiles", ajoutant que la France avait fait à leur demande "un effort sur le prix" pour "débloquer" les négociations.

Pour Paris, un contrat de cette taille avec la Chine serait de nature à "sauver" la filière nucléaire française alors que l'Etat vient de boucler le sauvetage d'Areva, qui s'est traduit par une augmentation de capital et la vente de son activité de réacteurs nucléaires à EDF (PA:EDF).

Mais Li Ning souligne que Pékin et l'industrie chinoise ne sont pas parties prenantes au sauvetage d'Areva et que la Chine va probablement étudier des alternatives au recyclage du combustible usé, parmi lesquelles son entreposage à sec.

D'autant que le traitement-recyclage nécessite des installations hautement sécurisées et gourmandes en capitaux dont la construction peut prendre dix ans ou plus.

Mycle Schneider, analyste spécialisé dans le nucléaire, estime ainsi que le procédé peut coûter dix fois plus cher que l'enrichissement de l'uranium pour produire du combustible.

Les Etats-Unis ont abandonné le recyclage du combustible usé et la Grande-Bretagne est en train de faire de même, tandis que le site japonais de traitement de Rokkasho - construit avec l'aide d'Areva - a vu son ouverture reportée à de multiples reprises en raison de problèmes techniques.

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En dehors de la France, seule la Russie recycle aujourd'hui du combustible nucléaire usé.

"Cela n'a pas de sens de faire quelque chose dont le coût est aussi exorbitant que celui du recyclage alors qu'il y a une telle profusion d'uranium disponible", estime Mycle Schneider.

(Benjamin Mallet pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)

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