LAUSANNE, Suisse (Reuters) - Les négociations sur le programme nucléaire iranien ont peu de chances d'aboutir à court terme, a estimé jeudi un négociateur européen, selon lequel les positions des grandes puissances et de Téhéran sont encore trop éloignées.
"Contrairement à ce que les Iraniens disent, à savoir que 90% est fait (...), on n'est pas proche d'un accord. On en est même assez loin. Il reste beaucoup de sujets à régler. L'Iran doit faire des concessions substantielles sur les différents dossiers importants", a déclaré le diplomate qui a souhaité rester anonyme.
"Nous abordons les questions délicates mais nous faisons des progrès", a quant à lui assuré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui se trouve à Lausanne, où se déroulent les pourparlers.
Un diplomate américain a par ailleurs démenti l'information selon laquelle un projet d'accord aurait été mis en circulation.
Téhéran et le groupe dit "P5+1", qui réunit les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie et la Chine, se sont fixé pour objectif de parvenir avant la fin du mois à un accord de principe sur l'encadrement du programme nucléaire iranien, en vue d'un règlement définitif du contentieux d'ici à la fin juin.
Ali Akbar Salehi, directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, a assuré mardi que des détails techniques étaient réglés à 90%. Il a ajouté qu'un ou deux points restaient en suspens, ce que le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hamid Baidinejad, a confirmé jeudi, évoquant notamment les recherches sur les centrifugeuses.
"Nous discutons encore du point recherche et développement et d'autres sujets, à la fois techniques et politiques", a-t-il reconnu.
Le point "recherche et développement est devenu un sujet critique et difficile. Il n'y aura pas d'accord, sauf si les Iraniens lâchent", a quant à lui souligné le diplomate européen cité plus haut.
La durée de l'accord pose également problème, dit-on de sources occidentales. Dans un entretien accordé à Reuters le 2 mars, le président Barack Obama a dit souhaiter que le programme nucléaire iranien soit encadré pendant dix ans, or la France voudrait que ces mesures s'étalent sur quinze ans, selon le même diplomate.
"Il n'y aura pas d'accord écrit. Ce sera une espèce d'accord verbal qui ouvrira la voie à de nouvelles négociations", a conclu Hamid Baidinejad.
Si les négociations n'aboutissent pas, a averti un membre du Trésor à Washington, le gouvernement américain et le Congrès feront le nécessaire pour alourdir les sanctions contre Téhéran.
(Parisa Hafezi et John Irish, Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)