Intentions d'achat et budgets en repli, multiplication des promotions toute l'année: les soldes, autrefois particulièrement attendus, semblent voir leur pertinence de plus en plus remise en cause, à la veille de leur coup d'envoi officiel.
Cette année, ces traditionnels rabais, seul moment où les commerçants peuvent vendre à perte, débuteront officiellement le 24 juin et dureront jusqu'au 4 août.
Les soldes flottants ont en effet été supprimés, donnant lieu à un rallongement de la période habituelle qui passe de 5 à 6 semaines.
Pourtant, malgré cette réforme, le système même d'organisation des soldes est mis en doute.
D'abord par les professionnels. Daniel Wertel de la Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF) réclame un décalage de la date d'ouverture, dénonçant "l'inadéquation entre la date des soldes et la durée de vie des produits".
"Notre projet est de nous attaquer aux soldes. Notre avis est qu'ils se tiennent un mois trop tôt dans les saisons et qu'ils durent trop longtemps. (...) Cela tue le commerce", estime-t-il.
Du côté des indépendants, c'est la déréglementation des promotions qui pose problème.
"Si on est en réductions permanentes toute l'année, comment voulez-vous que les gens se déplacent encore en masse pour les soldes ?", s'interrogeait il y a quelque mois Bernard Morvan, de la Fédération nationale de l'habillement.
Pour Aude de Moussac, experte consommation chez Kurt Salmon, "le terme +soldes+ ne veut plus aujourd'hui dire grand chose, il a été galvaudé par les systèmes de promotions quasi-permanentes, avec des offres qui sont parfois plus intéressantes que celles proposées pendant la période officielle des soldes".
C'est le cas chez Monoprix, qui a proposé à ses clients fidèles des rabais de 50% sur tout le textile, ou de La Redoute qui, depuis la mi-juin, offre jusqu'à -70%.
Logiquement, beaucoup de consommateurs profitent de ces bonnes affaires et leur intérêt pour les "soldes officiels" faiblit d'autant.
Deux sondages, dont l'un mené par l'Ifop, montrent que cet été, seuls six Français sur dix ont l'intention de participer aux soldes, soit une chute de près de 15 points en un an.
- Appétit pour les bonnes affaires -
Après, comme le note Philippe Guilbert de l'institut Toluna, "la date d'ouverture officielle des soldes est encore assez méconnue", beaucoup de Français ne sachant pas qu'ils commencent si tôt.
Quelque 16% des sondés se montrent encore indécis et pourraient se joindre à la dernière minute à la course aux bonnes affaires, estime l'Ifop.
Cette année, le budget moyen sera en baisse, tournant autour des 164 euros, selon Toluna, soit un recul de 26% par rapport à 2014.
La crise est en cause bien sûr. Mais pas seulement.
Selon M. Guilbert, ce repli "indique clairement que les consommateurs attendent moins les soldes qu'auparavant".
Alors qu'à l'été dernier, 64% des Français estimaient que les soldes étaient la stratégie numéro un pour faire de bonnes affaires et faire des économies, ils ne sont plus que 47% à le penser actuellement, les soldes étant devancés par les promotions ponctuelles en magasin, prisées par 50% des personnes interrogées par Yougov.
Pourtant l'appétit pour les petits prix ne faiblit pas. Plus de 42% des achats textiles s'effectuent désormais à prix barrés, selon la FFPAPF.
L'attente en matière de remises est grande, avec près de la moitié des Français qui espèrent une réduction moyenne de près de 50%.
Certaines enseignes comme Darty, qui annonce des prix barrés à -60% sur les grosses pièces et jusqu'à -80% sur les accessoires, devrait les satisfaire, même si beaucoup de commerçants pourraient étaler leurs deuxième et troisième démarques du fait de l'allongement de la période des soldes.
Les consommateurs prévoient généralement de limiter leurs achats à un ou deux articles, et rechercheront principalement des articles de mode (71,6%), mais également de sport (34,7%), d'ameublement (20,1%) ou des produits high tech (17,7%).
Pour les commerçants, réussir ses soldes d'été reste malgré tout un enjeu important. Le Printemps Haussmann y réalise en moyenne 11% de ses ventes annuelles.