PARIS (Reuters) - Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a plaidé vendredi pour que des agents en civil de la compagnie ferroviaire puissent être armés à bord des trains afin de renforcer la sécurité.
Guillaume Pepy souhaite également que ses agents aient le droit de fouiller les bagages et que de nouvelles méthodes soient expérimentées pour réduire les nuisances dues à la découverte de bagages suspects.
La sécurité est "notre souci numéro un", a-t-il déclaré sur la chaîne BFM TV, une semaine après les attaques meurtrières qui ont secoué Paris et Saint-Denis.
"On pense que dans certains trains, par exemple des trains internationaux, il faudrait (...) que nos personnels de sécurité puissent être armés", a-t-il dit.
Selon lui, il s'agirait de "quelqu'un qui est là discrètement, pas dans tous les trains, mais sur certains trains très sensibles, par exemple là encore on peut penser à un train comme un Thalys".
Guillaume Pepy a précisé qu'il faudrait modifier la législation pour permettre à ses agents de se munir d'une arme, mais s'est montré optimiste sur le sujet. "Ça va se faire", a-t-il jugé.
Les attaques commises ces derniers mois en France ont posé la question de la sécurité dans les transports publics.
En août, un homme armé d'un fusil d'assaut a ouvert le feu dans un train Thalys, qui reliait Amsterdam à Paris en passant par la Belgique, avant d'être rapidement maîtrisé par des passagers.
Les attaques de vendredi dernier, qui ont fait au moins 129 morts, ont visé une salle de spectacle, des bars et des restaurants de Paris ainsi que le Stade de France, et ont entraîné une baisse de fréquentation dans les trains.
D'après le président de la SNCF, ce recul s'élevait à 10% lundi mais, "depuis, les gens ont retrouvé leurs habitudes de travail et le trafic est normal". Depuis cette série d'attentats, 300 policiers et gendarmes et une centaine d'agents de sécurité de la SNCF ont été déployés dans les gares.
PAS DE "LIGNE MAGINOT"
Pour réduire les retards dus aux bagages suspects -- "plusieurs dizaines par jour" --, Guillaume Pepy projette d'expérimenter des méthodes comme des cloches qui pourraient les couvrir ou des robots capables de détecter des explosifs.
Il a en revanche jugé impossible de généraliser à court terme l'installation de portiques de sécurité dans toutes les gares.
"Si les gares se transforment comme les aéroports, ça veut dire qu'il faudra arriver non pas cinq-dix minutes avant le départ du train, mais il faudra arriver une heure avant (...). Donc, c'est un vrai changement de société", a-t-il dit.
La SNCF dépense environ 400 millions d'euros par an pour assurer la sécurité des voyageurs, notamment à l'aide de 30.000 caméras.
"Avec les derniers évènements, le modèle est revu", a dit à Reuters un responsable du groupe qui a souhaité conserver l'anonymat.
La SNCF envisage d'augmenter le nombre de drones qui surveillent son réseau - elle en utilise actuellement une dizaine, a-t-il précisé. Le groupe étudie aussi l'installation de portiques à certains endroits, avec des contrôles mobiles des passagers.
Des "portiques virtuels", avec des capteurs équipant les agents de sécurité, pourraient être étudiés.
La SNCF veut éviter le syndrome "Ligne Maginot", qui assurerait une protection maximale d'une partie du réseau tout en délaissant les lignes secondaires, qui deviendraient alors des cibles de choix pour des attaques, a souligné ce responsable.
(Simon Carraud, avec Cyril Altmeyer, édité par Yves Clarisse)