L'Espagne démarre l'année avec de bonnes nouvelles sur le front de l'emploi, marqué par une forte baisse du chômage en 2015, même si ce fléau concerne encore plus d'un actif sur cinq.
Le nombre de chômeurs a reculé de 354.203 sur un an, à 4,04 millions en décembre 2015 - la plus forte diminution enregistrée depuis 1996 - et de 55.790 sur le seul mois de décembre, s'est félicité mardi le ministère espagnol de l'Emploi.
Le nombre de personnes cotisant à la Sécurité sociale a augmenté parallèlement de 533.186 pour atteindre les 17,31 millions, conformément aux objectifs du gouvernement conservateur sortant, selon un communiqué. L'économie a recommencé à créer des emplois en 2014, après six années passées à en détruire.
"La tendance est très bonne", a immédiatement commenté à l'antenne de la radio Cope le chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, en position délicate après avoir perdu la majorité au parlement le 20 décembre.
Il s'est dit "satisfait du changement de tendance" au cours de la législature écoulée et a promis deux millions d'emplois supplémentaires au cours des quatre prochaines années s'il parvenait à se maintenir à son poste.
Les conservateurs du Parti populaire (PP) sont arrivés au pouvoir fin 2011, en pleine dépression économique.
Après avoir frôlé les 27% début 2013, le taux de chômage a reflué à 21,18% de la population active au troisième trimestre 2015, selon l'Institut national de la statistique (Ine). Seule la Grèce fait pire au sein de la zone euro avec 24%.
La tendance "est très bonne", opine Carlos Martinez, économiste à l'école de commerce madrilène IE Business School, auprès de l'AFP. Certes, "la majorité de ces emplois sont temporaires et avec des salaires toujours bas, mais il ne faut pas oublier qu'il y a peu, nous perdions plus d'un demi-million d'emplois par an", souligne-t-il.
- paralysie politique -
Le secteur des services, le plus important de l'économie espagnole, a été un des plus dynamiques. Le nombre d'emplois y a progressé de 3,34% sur l'année à 13,03 millions, selon les chiffres du ministère.
Cette évolution est liée à "l'augmentation de la demande interne (avec) la hausse de la consommation des familles (...) et d'autre part au tourisme" qui connaît des niveaux records, explique Miguel Cardoso, économiste en chef pour l'Espagne chez BBVA (MC:BBVA).
Cette demande intérieure des ménages et des entreprises tire la reprise économique, renforcée par la chute des prix du pétrole et des faibles taux.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait avoir atteint 3,2% en 2015 après 1,4% en 2014, selon les dernières prévisions de Madrid.
Le secteur de la construction, dévasté par l'éclatement de la bulle, est reparti de l'avant et employait fin décembre 1,03 million de salariés.
Pour autant, l'action du gouvernement n'a pas convaincu les électeurs. M. Rajoy, dont le parti a obtenu 28,72% des suffrages, peine à présent à former une alliance qui lui permettrait de gouverner.
Les autres partis ne partagent d'ailleurs pas son enthousiasme concernant les chiffres du chômage.
"La précarité et l'inégalité sont les marques du modèle de reprise économique du PP", avec près de 92% d'emplois temporaires parmi les nouveaux contrats créés, ont accusé les socialistes du PSOE via leur compte Twitter.
Le parti de gauche antilibéral Podemos et celui de centre libéral Ciudadanos critiquent également le bilan économique et social de Mariano Rajoy.
La paralysie politique représente "un risque important car nous ne savons pas ce qui va se passer, ni au niveau national ni en Catalogne" où les élections régionales de septembre, remportées par une liste indépendantiste, ont aussi débouché sur une situation confuse, avertit l'économiste Carlos Martinez. Dans les deux cas, la convocation de nouvelles élections n'est pas exclue.