MARSEILLE (Reuters) - Deux à trois cents policiers se sont à nouveau rassemblés mercredi devant la préfecture de Marseille pour marquer leur désaccord avec le gouvernement et leur défiance vis-à-vis de leurs syndicats.
En dépit des mesures annoncées la semaine dernière par le gouvernement, la contestation des policiers de base persiste. Plusieurs centaines de fonctionnaires se sont ainsi rassemblés mardi soir devant la pyramide du Louvre à Paris.
La veille, environ 500 personnes, dont la moitié environ de policiers, avaient manifesté à Béziers.
A Marseille, une délégation a été reçue en préfecture pour remettre les doléances des frondeurs au préfet de police, Laurent Nunez.
En civil dans leur grande majorité, épaulés par une vingtaine d’équipages en tenue dans leurs véhicules de fonction, les manifestants ont brandi quelques drapeaux tricolores où l’on pouvait lire "policiers en colère".
"L’une de nos principales revendications est la remise à plat de la légitime défense que l’on veut voir alignée sur celle des gendarmes", a affirmé l'un d'eux, Sébastien.
"Il n’y a rien de nouveau dans les promesses du gouvernement, qui ne cherche qu’à gagner du temps dans l’espoir de voir le mouvement s’essouffler", a-t-il ajouté.
Dans la manifestation ont également circulé des lettres types de résiliation d’adhésion aux divers syndicats.
VERS LA CRÉATION D'UNE ASSOCIATION
Plusieurs animateurs du mouvement au niveau étudient la création d’une association pour "être enfin écoutés" au travers d'une structure transparente.
"Elle doit être hors politique et hors syndicat. On n’est plus en accord ni avec les uns, ni avec les autres. L’écart est devenu trop grand entre leurs paroles et leurs actes", résume Thierry, gardien de la paix à Marseille.
Depuis le 17 octobre, le mouvement animé par des collectifs hostiles aux organisations syndicales s'est manifesté essentiellement lors de rassemblements nocturnes auxquels se joignent des pompiers et policiers municipaux.
Si les syndicats de police reçus mercredi dernier par François Hollande se sont montrés satisfaits du plan du gouvernement, les policiers frondeurs estiment n'avoir été qu'en partie entendus.
L'étincelle de la contestation policière est partie d'une attaque au cocktail Molotov, le 8 octobre, à Viry-Châtillon (Essonne) qui a grièvement blessé deux policiers.
Dénonçant les attaques violentes dont ils font l'objet, les policiers réclament plus de moyens, des conditions de travail plus dignes et moins de pression de la part de la hiérarchie.
Presqu'un an jour pour jour après avoir répondu à une précédente grogne policière par un protocole de plusieurs centaines de millions d'euros, le gouvernement a annoncé un plan de sécurité publique de 250 millions d'euros.
Outre les mesures visant à rénover les équipements et les commissariats, il prévoit la suppression de tâches dites indues, un durcissement des sanctions pour outrage aux forces de l'ordre, une meilleure protection de leur anonymat, et une évolution des conditions de la légitime défense.
(Jdean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)