par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - La sortie du nucléaire et du diesel, ainsi que l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans sa forme actuelle sont inscrits dans la "plate-forme présidentielle" signée par les socialistes et les écologistes.
Cet accord, dont Reuters a obtenu copie vendredi, est à l'origine du choix du Vert Yannick Jadot de renoncer à briguer l'Elysée au profit d'une alliance avec le candidat PS à l'élection présidentielle, Benoît Hamon.
La plate-forme "reprend le meilleur de l'écologie, le meilleur du socialisme", s'est félicité Yannick Jadot sur RTL.
Au chapitre énergétique, "une sortie progressive et intégrale du nucléaire" est annoncée, avec l'idée d'y parvenir "à l'horizon d'une génération, soit 25 ans".
Les premiers réacteurs seront fermés durant la mandature, "afin de respecter l'échéance intermédiaire d'un mix énergétique de 50% en 2025 et prendre en compte l'augmentation de production due aux énergies renouvelables".
Une taxe carbone "substantielle" affectée à la transition écologique est prévue.
PS et Verts prévoient l'abandon du projet d'enfouissement profond de déchets nucléaires à Bure (Meuse). "En l'état, le stockage restera en sub-surface et des études seront menées pour travailler sur d’autres options", précise-t-on.
Autre dossier sensible : l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, sur un site de 1.600 hectares occupé depuis des années par des opposants.
DUFLOT INVESTIE À PARIS
A mots pesés, la plate-forme prévoit "deux conférences de consensus destinées à étudier, dans le respect du légitime développement urbain de Nantes, toutes les alternatives au projet" dont le site actuel "sera abandonné".
La lutte contre les particules fines, à l'origine de maladies respiratoires, conduira à "la sortie du diesel pour les véhicules légers" en huit ans, d'ici 2025.
Sont aussi prévus l'interdiction des pesticides et des perturbateurs endocriniens, ainsi qu'un "développement intensif" du "bio" dans la restauration collective.
En matière de bien-être animal, PS et Verts annoncent "la fin des exploitations d'élevage industriel" et une législation créatrice de droits nouveaux pour les animaux.
L'usage du cannabis sera légalisé, les auteurs du texte invoquant "l'échec de la prohibition et dans un objectif de santé publique".
Au chapitre institutionnel, les signataires actent l'idée d'une Constitution pour une VIe République, qui sera soumise à référendum.
"L'idée, c'est que dès 2017 se mettrait en place un haut conseil à la Constitution, avec des parlementaires, des citoyens tirés au sort, des Sages qui réfléchissent à un projet de Constituante qui sera mis au référendum pendant le quinquennat", a détaillé Yannick Jadot.
Sont notamment prévus l'instauration de la proportionnelle avec prime majoritaire aux élections, une réforme du Sénat et un septennat présidentiel non renouvelable.
L'accord a sa contrepartie politique dans les perspective des élections législatives : les élus sortants écologistes n'auront pas de concurrents socialistes en face d'eux.
"Si nous gagnons, je souhaite que les écologistes aient un groupe à l'Assemblée", a expliqué Benoît Hamon sur France 2.
Le candidat PS a ainsi confirmé que la socialiste investie dans la 6e circonscription de Paris devrait laisser la place à l'ex-ministre écologiste Cécile Duflot, dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, ne voulait pourtant pas.
Au total, 40 circonscriptions seront réservées aux Verts contre 60 en 2012.
"J'ai plié le bras d'un certain nombre de mes camarades qui disaient : 'mais attention tu peux pas nous laisser aussi peu fournis en parlementaires'. Mais l'accord sur le fond est tellement bon !", a commenté Yannick Jadot.
(Avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)