PARIS (Reuters) - François Fillon a jugé mercredi que le Parti socialiste, en l'appelant à retirer sa candidature à l'élection présidentielle, avait offert la preuve d'une "machination" orchestrée par la gauche et les services de l'Etat contre lui.
Le Parti socialiste a exhorté le candidat de la droite et du centre à se désister après de nouvelles révélations sur ses activités de consultant et des soupçons de "faux et d'usage de faux" dans l'enquête sur les emplois présumés fictifs dont aurait bénéficié sa famille.
François Hollande a quant à lui insisté sur le devoir d'exemplarité en politique, une référence explicite à l'ex-ministre Bruno Le Roux, soupçonné d'avoir offert des emplois de complaisance à ses filles, et une allusion à François Fillon.
"Les masques tombent. La machination que je dénonce depuis des semaines est maintenant aux yeux de tous les Français", a réagi l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy sur franceinfo.
"Chaque semaine, il y a des fuites organisées contre le secret de l'instruction. Organisées par qui ? Par les services de l'Etat. (...) Et comme par hasard, le Parti socialiste, M. Macron, M. Hollande se jettent sur ces pseudo-révélations, qui d'ailleurs n'apportent rien de nouveau, pour exiger qu'il n'y ait pas de candidat à droite", a-t-il ajouté.
"La vérité, c'est que la gauche est dans l'incapacité de gagner cette élection et qu'elle n'a plus qu'une seule possibilité pour y parvenir, ce serait de ne pas avoir d'adversaire à droite", a encore dit François Fillon.
"Après des semaines de manoeuvres, les socialistes signent enfin leur forfait", écrit pour sa part son porte-parole Luc Chatel dans un communiqué.
François Fillon avait déjà parlé de "coup d'Etat institutionnel" et d'une "instrumentalisation de la justice".
"ESPRIT DE RESPONSABILITÉ"
Mardi, Le Monde a rapporté que le député de Paris et son épouse étaient soupçonnés d'avoir produit de faux documents pour justifier les rémunérations perçues et, parallèlement, Le Canard enchaîné a fait état d'une mission effectuée pour le compte d'un milliardaire libanais en échange de 50.000 dollars.
Le même jour, Bruno Le Roux a démissionné du ministère de l'Intérieur, moins de 24 heures après la diffusion d'un reportage, sur TMC, mettant en cause la gestion de ses emplois d'assistants parlementaires.
Cette démission "montre (...), si besoin était, à qui de droit, d'abord l'impartialité de la justice et des procédures et que d'autre part l'esprit de responsabilité existe en politique", a estimé Emmanuel Macron sur LCP et Public Sénat.
Dans un communiqué, le PS a appelé "expressément" François Fillon à se retirer.
"L'exemplarité et la célérité avec lesquelles Bruno Le Roux a présenté sa démission ne font que souligner l'absurdité et la dangerosité avec lesquelles vous vous entêtez", déclarent les socialistes.
François Fillon, déterminé à aller "jusqu'au bout", ne pourrait pas être remplacé, la période de recueil des parrainages d'élus étant close.
Un désistement "paraît comme ça difficilement envisageable", a estimé le candidat socialiste Benoît Hamon, mercredi, devant la presse.
(Simon Carraud, édité par Sophie Louet)