PARIS/BERLIN (Reuters) - Emmanuel Macron effectuera sa première visite présidentielle à l'étranger lundi à Berlin, où il souhaite engager avec Angela Merkel un travail commun avec trois priorités : la sécurité, l'économie et l'investissement, ainsi que la protection sociale.
Il s'entretiendra en fin d'après-midi avec la chancelière, qui s'était déclarée "très heureuse" de sa victoire, avant une conférence de presse commune et un dîner, a précisé l'entourage du président élu.
La passation de pouvoir avec François Hollande aura lieu dimanche à 10h00 (08h00 GMT), à l'Elysée.
Le déplacement d'Emmanuel Macron auprès de troupes françaises basées à l'étranger, annoncé pendant la campagne, aura lieu "très rapidement après Berlin", a-t-on ajouté, sans dévoiler le lieu.
La visite à Berlin illustre "l'importance de la relation entre nos deux pays pour la relance du projet européen", a souligné l'entourage d'Emmanuel Macron.
L'ancien ministre de l'Economie de François Hollande, qui a rencontré Angela Merkel le 16 mars à Berlin, a défendu pendant toute la campagne une Europe critiquée par nombre de ses adversaires, en particulier l'autre finaliste Marine Le Pen.
Son élection a été accueillie avec soulagement en Allemagne et en Europe, même si ses projets ne font pas l'unanimité.
"(Emmanuel Macron) a mené une courageuse campagne pro-européenne, il s'est battu pour un monde ouvert et s'est engagé résolument en faveur d'une économie sociale de marché", avait déclaré la chancelière au lendemain de son élection.
La coopération franco-allemande est une "pierre angulaire" de la politique étrangère allemande, avait-elle ajouté.
RELANCER LE PROJET EUROPÉEN
Wolfgang Schäuble a déclaré mardi que "nous ferons tout ce que nous pourrons pour soutenir Macron" dans son souhait de renforcer l'Union européenne et l'union monétaire.
Le ministre allemand des Finances avait dans le même temps souligné que certaines de ses propositions, notamment la création d'un poste de ministre européen des Finances, nécessiteraient des modifications des traités européens, ce qu'il ne jugeait pas réaliste à l'heure actuelle.
Martin Schulz, chef de file des sociaux-démocrates qui contestera la chancellerie à Angela Merkel à l'occasion des législatives de septembre, soutient quant à lui la volonté d'Emmanuel Macron de créer un budget des pays de la zone euro.
La campagne présidentielle avançant, Emmanuel Macron avait mis en sourdine ses déclarations les plus iconoclastes.
Il avait dans un premier temps estimé que la clé pour réformer le projet européen était l'abandon de deux tabous : un tabou français - le transfert de souveraineté - et un tabou allemand - celui des transferts financiers ou de solidarité.
Moins explicite, son programme prônait la création de ce budget commun, placé sous la responsabilité d'un ministre de l'Economie et des Finances de la zone euro et voté par un Parlement de la zone euro constitué des députés européens des pays partageant la monnaie unique.
Il avait parallèlement souhaité que l'action européenne se concentre sur la sécurité, la protection de l'économie - avec notamment un "buy european act" réservant l'accès aux marchés publics aux entreprises localisant au moins la moitié de leur production en Europe et un contrôle des investissements étrangers pour les secteurs stratégiques - le développement durable et le numérique.
Son entourage a précisé vendredi que la lutte contre le dumping et les abus du travail détaché, un sujet très présent dans la campagne, serait essentielle dans le cadre des discussions franco-allemandes sur la protection sociale.
François Hollande avait lui aussi effectué il y a cinq ans son premier déplacement à l'étranger en Allemagne, s'y rendant le jour même de son investiture.
(Jean-Baptiste Vey, avec Michel Rose à Paris, Joseph Nasr à Berlin, Gilles Trequesser pour le service français, édité par Yves Clarisse)