par Elizabeth Pineau et Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - Mardi 20 juin, dans les jardins de l'Elysée. Le président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, prononce un discours sur la terrasse aux côtés des footballeuses reçues par le couple présidentiel après leur sacre en Ligue des Champions.
"Madame Macron", lance-t-il à l'attention de Brigitte Macron, debout près de lui. "Madame la présidente", ose-t-il quelques minutes plus tard, déclenchant quelques sourires.
A la différence des Etats-Unis, où le statut de "First lady" est institutionnalisé, le rôle et le titre de Première dame n'ont jamais été officiellement définis en France.
Un flou qui a parfois nui aux épouses et compagnes des présidents de la Ve République qui, d'Yvonne de Gaulle à Valérie Trierweiler, ont été jetées dans la lumière à la faveur de l'élection de leur mari aux plus hautes fonctions.
L'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir devrait changer la donne, le chef de l'Etat de 39 ans s'étant engagé pendant la campagne présidentielle à mettre fin à ce qu'il considère comme "une hypocrisie française."
"Élu président de la République, on vit avec quelqu’un", soulignait-il fin avril sur TF1 (PA:TFFP). "(Brigitte) ne sera pas rémunérée par le contribuable mais elle aura une existence, un rôle public. Nous en définirons donc le cadre, et elle en décidera aussi à ce qui en revient d'elle".
Ce cadre devrait prendre la forme d'une charte précisant ses attributions, un document toujours en cours de rédaction.
Exercice délicat : 68% des Français sont en effet opposés à la création d'un statut de Première dame "avec des moyens alloués à son poste", selon un sondage Yougov publié en mai par le Huffington Post.
"Il n'y a pas d'urgence", souligne-t-on dans l'entourage du couple Macron.
Mariés depuis 2007, Emmanuel et Brigitte Macron sont arrivés à l'Elysée à l'entrée en fonction du président, le 14 mai, le couple ayant choisi de loger dans le palais présidentiel pour des raisons de sécurité, notamment.
UN DIRECTEUR DE CABINET, DEUX ASSISTANTES
Très présente pendant la campagne, où elle a souvent fait la "une" des magazines, Brigitte Macron s'est faite plus discrète depuis l'élection de son mari, réservant ses apparitions aux voyages à l'étranger.
Toujours habillée en Louis Vuitton, maison française qui mis à sa disposition une garde-robe sous forme de prêt, on l'a vue en compagnie d'autres Premières dames au sommet du G7 en Sicile, ou encore récemment à Rabat aux côtés du couple royal du Maroc.
A Paris, Brigitte Macron apparaît parfois sur le perron à l'arrivée ou au départ d'hôtes de son mari, qu'il s'agisse de l'acteur américain Arnold Schwarzenegger ou du couple présidentiel colombien lors de la Fête de la musique.
On devrait la retrouver le 14 juillet prochain pour le défilé militaire des Champs-Elysées aux côtés de Donald et Melania Trump, invités d'honneur de la Fête nationale tricolore.
Très sollicitée selon le palais présidentiel, l'enseignante à la retraite dispose pour l'instant d'un directeur de cabinet, Pierre-Olivier Costa, et de deux assistantes. Un dispositif "notoirement insuffisant", juge-t-on à l'Elysée.
Pour preuve : Brigitte Macron recevrait "trois fois plus de courrier" que Carla Bruni-Sarkozy (Première dame de 2008 à 2012), "soit 200 lettres par jour", de quoi occuper dix des 75 personnes chargées du courrier au palais.
Consciente de la susceptibilité des Français à l'égard des dépenses de ses représentants et soucieuse de ne pas faire d'ombre à des ministres moins connus qu'elle du grand public, Brigitte Macron agit "avec beaucoup de retenue", assure-t-on autour d'elle.
"Elle veut prendre ses marques, s'intégrer, et ne surtout pas prendre la lumière là où d'autres sont en train de prendre leur envol", souligne-t-on. "Elle ne veut pas commettre d'impair."
Riche de son expérience de professeur de français, Brigitte Macron souhaite s'investir dans le domaine de l'éducation, mais aussi dans ceux de la culture et du handicap. Un désir qui l'a déjà amenée à rendre visite à des enfants malades, sans micro ni caméra.
Cet été, le couple Macron s'accordera "10 à 15 jours de vacances" en août, après la fin de la session extraordinaire à l'Assemblée nationale, dit-on à l'Elysée, précisant que dans ce domaine, "c'est Brigitte qui gère les choses".
(Edité par Yves Clarisse)