par John Revill
ZURICH (Reuters) - General Electric (NYSE:GE) a annoncé jeudi la suppression de 12.000 postes dans son pôle énergie dans le cadre du plan de recentrage du conglomérat industriel américain, des réductions d'effectifs qui ne toucheront pas la France.
GE espère ainsi atteindre son objectif de baisse des coûts d'un milliard de dollars en 2018 dans un contexte de chute de la demande de centrales électriques à combustibles fossiles.
"Les marchés des énergies traditionnelles, y compris du gaz et du charbon, sont en repli", a déclaré le groupe.
GE n'a pas précisé la répartition de ces suppressions de postes, qui représentent 4% des effectifs globaux et 18% de ceux de la division Power Business, mais a précisé qu'elles auraient lieu principalement hors des Etats-Unis.
La France ne sera pas touchée, a déclaré à Reuters Michael Rechsteiner, le responsable de la division GE Power Services en Europe. Le groupe a acquis le pôle énergie d' Alstom (PA:ALSO) en 2015 pour 9,7 milliards d'euros avec l'objectif de compléter ses activités dans les turbines à gaz avec les turbines à vapeur du groupe français.
Des sources du secteur avaient rapporté mercredi à Reuters que General Electric supprimerait 4.500 emplois en Europe, afin de réduire la voilure dans ses activités de production d'électricité en difficulté, l'Allemagne et la Suisse étant les pays les plus sévèrement touchés.
"Cette décision était douloureuse mais nécessaire pour que GE Power réponde aux difficultés du marché de l'électricité, qui entraînent une baisse significative des volumes de produits et de services", a déclaré Russell Stokes, directeur général de GE Power.
"Nous pensons que le marché restera difficile mais ce plan nous positionnera pour 2019 et au-delà", a-t-il ajouté.
Le nouveau patron de GE, John Flannery, a présenté en novembre un recentrage de l'empire industriel bâti par ses prédécesseurs Jeff Immelt et Jack Welch, qui misaient sur la diffusion du risque sur un large éventail d'activités.
Cette cure d'amaigrissement prévoit une sortie des activités dans l'éclairage, le transport, les solutions industrielles et les réseaux électriques. Elle comprend également la cession de sa part de 62,5% dans le nouvel ensemble issu du rachat, finalisé en juillet, du groupe de services pétroliers Baker Hughes.
LES SYNDICATS MÉCONTENTS
Selon GE, la demande de construction de nouvelles centrales thermiques a chuté de manière spectaculaire dans tous les pays riches tandis que les services collectifs traditionnels ont réduit leurs investissements en raison de la détérioration du marché et de l'incertitude politique en matière climatique.
Il n'y a eu pratiquement aucun nouveau projet de centrale électrique lancé en Allemagne ces dernières années et la concurrence asiatique a fait chuter les prix, a souligné GE.
En Allemagne, General Electric a annoncé jeudi son intention de supprimer 1.600 emplois sur les sites de Mannheim, Stuttgart, Berlin, Mönchengladbach et Cassel, soit 16% des effectifs dans le pays, ainsi que 1.400 postes en Suisse.
Au Royaume-Uni, 1.100 postes seront concernés, a précisé le groupe qui employait au total 295.000 salariés dans le monde fin 2016, selon les données présentées par le groupe sur son site.
GE a indiqué avoir entamé les négociations avec ses représentants syndicaux sur ces plans de suppressions d'emplois.
Les syndicats de GE ont vivement réagi à ces annonces.
"L'annonce par GE de son intention de supprimer des milliers d'emplois à travers l'Europe ne peut se justifier au niveau stratégique ou économique", a déclaré Klaus Stein, représentant du syndicat IG Metall Union de GE à Mannheim.
"Nous n'allons pas l'accepter et nous nous battrons (...) pour préserver l'emploi."
Son concurrent Siemens (DE:SIEGn) a annoncé en novembre qu'il comptait supprimer quelque 6.900 emplois - soit près de 2% de ses effectifs - dans ses divisions de services pour les secteurs de l'électricité, du pétrole et du gaz, qui souffrent de la vive croissance des énergies renouvelables.
L'action GE gagnait 0,90% à Wall Street vers 18h10 GMT, alors que le Dow Jones avançait de 0,43% au même moment. Elle a chuté de plus de 44% depuis le début de l'année.
(Claude Chendjou et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Bertrand Boucey)