BORDEAUX (Reuters) - Le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, a lancé mardi à Bordeaux une stratégie nationale d'inclusion numérique dont le but est de venir en aide aux 13 millions de Français qui ne savent pas utiliser internet.
Mounir Mahjoubi a développé son projet lors de la présentation dans les locaux de l'antenne d'Emmaüs Connect d'une étude chiffrant à 1 milliard d'euros en 7 ans les besoins financiers pour réussir cette inclusion numérique.
"On parle de 13 millions de Français, 20% de la population, on parle de tous ces gens pour qui c'est impossible d'utiliser le numérique aujourd'hui", a déclaré le secrétaire d'Etat lors d'une conférence de presse.
"On annonce 100% de procédures dématérialisées d'ici 2022, je me bats au quotidien pour qu'on ait de super start-ups, on débat maintenant sur la transformation numérique des TPE-PME, tout ça n'est pas possible si on ne s'occupe pas de l'inclusion numérique", a-t-il ajouté.
Pour les exclus du numérique "c'est comme si vous aviez le TGV qui passe au fond du jardin, vous savez que ça va très vite, qu'il y a plein de gens à l'intérieur, mais pour vous la prochaine gare elle est à 400 kilomètres", a-t-il ajouté.
Trois axes de travail ont été établis après consultation : définir une typologie des situations d'exclusion numérique en fonction du profil des personnes concernées et du territoire; proposer les outils nécessaires et mobiliser les financements.
"L'objectif est qu'à l'été 2018 chaque territoire soit en mesure de déployer des parcours d'accompagnement et de formation au numérique", souligne Mounir Mahjoubi.
Selon l'étude d'Emmaüs Connect et de We TechCare, 13 millions de Français ne peuvent utiliser internet, soit parce qu'ils en sont exclus, soit parce qu'ils sont débutants ou intermédiaires (pas ou peu de compétences), soit parce qu'ils ont "peur de se tromper" ou manquent "de motivation".
"Sur les 7 ans du programme que propose l'étude à l'échelle nationale, il faudra 22.000 bénévoles, et 5.000 personnes qui sont soit des professionnels ou des services civiques", a dit à Reuters en marge de la présentation Jean Deydier, directeur d'Emmaüs Connect et de We TechCare.
L'étude met en évidence qu'il s'agit d'un investissement. "Après 4 ans, on a un retour sur investissement et après sept ans, sur un euro investi on en gagne deux", assure Jean Deydier, en tenant compte de l'économie sur le plan social, et des gains sur la dématérialisation.
(Claude Canellas, édité par Yves Clarisse)