par Gwénaëlle Barzic et Leila Abboud
PARIS (Reuters) - Vincent Bolloré a accru pour la troisième fois en l'espace d'un mois sa participation au capital de Vivendi (PARIS:VIV), consolidant ses positions dans la perspective d'un bras de fer avec des actionnaires frondeurs.
A deux semaines de l'assemblée générale du groupe de médias, le groupe Bolloré a annoncé jeudi avoir déboursé 568 millions d'euros supplémentaires pour accroître sa participation, qui pointe désormais à 12,01% contre 5,15% début mars.
L'homme d'affaires breton, qui préside le conseil de surveillance de Vivendi depuis l'été dernier, est prêt à poursuivre son ascension au capital de Vivendi et n'exclut pas de proposer la nomination de nouveaux membres au conseil, indique un avis de l'Autorité des marchés financiers.
Familier des bras de fer financiers pour en avoir été plusieurs fois l'instigateur, Vincent Bolloré entend ainsi renforcer sa garde face à la fronde de plusieurs actionnaires.
Le fonds spéculatif américain PSAM a le premier ouvert la brèche le mois dernier en contestant la façon dont Vivendi compte utiliser la manne financière issue de sa cascade de cessions.
Le fonds, qui contrôle 0,8% de Vivendi, mène depuis lors campagne pour rallier d'autres actionnaires à ses deux résolutions réclamant la distribution de dividendes spéciaux d'un total de neuf milliards d'euros pour doper un titre qu'il juge sous-évalué.
RIPOSTE
Le français PhiTrust Active Investors, qui assure avoir le soutien de huit autres actionnaires institutionnels représentant près de 2% du capital de Vivendi, réclame quant à lui la non application de la loi Florange instituant un droit de vote double.
Mercredi, la société américaine de conseil aux actionnaires Glass Lewis s'est refusée à soutenir les résolutions de PSAM en faveur d'un relèvement du dividende mais elle a en revanche conseillé aux actionnaires d'approuver la résolution "anti-Florange".
Face à la fronde, Vivendi a organisé la riposte, menaçant de poursuites judiciaires et de demandes d'indemnités le fonds PSAM sur le fondement d'une loi de 1986 limitant à 20% la part des personnes étrangères non européennes au capital d'une télévision francophone.
Canal+, filiale de télévision payante de Vivendi, est également montée au front jeudi pour dénoncer des tentatives de démantèlement de la société par la voix de son président, Bertrand Méheut, et de plusieurs syndicats.
PSAM s'est pour sa part plusieurs fois défendu de vouloir le démantèlement de la holding qui contrôle également le numéro un mondial de la musique Universal Music Group.
A 13h03, l'action de Vivendi reculait de 1,17% à 23,23 euros, ramenant à 4,8% la hausse enregistrée par le titre depuis le début de la dissidence des actionnaires.
"Avec le bras de fer qui l'oppose à certains actionnaires, Bolloré va continuer d'acquérir un maximum d'actions Vivendi sur le marché d'ici l'AG du 17 avril", commente un opérateur de marché basé à Paris.
Personne n'était joignable dans l'immédiat dans l'entourage de Vincent Bolloré pour commenter ces informations.
(Edité par Jean-Michel Bélot)