MARSEILLE (Reuters) - La perspective d'un redressement judiciaire de la SNCM devient de plus en plus proche et pourrait même intervenir "dès la semaine prochaine", a-t-on appris mercredi de sources proches du dossier.
Les syndicats de la compagnie soupçonnent l'actionnaire majoritaire Transdev de vouloir précipiter la procédure en provoquant une asphyxie financière de manière artificielle.
"On est confronté aux actionnaires qui parlent de faire jouer le remboursement anticipé des prêts", a dit à Reuters le délégué CFE-CGC, Maurice Perrin.
La Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) est détenue à 66% par Transdev - coentreprise entre Veolia et la Caisse des dépôts -, à 25% par l'Etat et à 9% par ses salariés.
Trandev avait déjà menacé début novembre d'accélérer la mise en cessation de paiement de la compagnie par un remboursement anticipé des prêts d'actionnaires, soit 103 millions d'euros avancés par Transdev et 14 millions par Veolia.
Un tel scénario provoquerait l'effondrement de la trésorerie déjà minée par un déficit d'exploitation d'une quarantaine de millions d'euros par an, et pourrait même entraîner la liquidation judiciaire.
De source proche du dossier, on précise que la procédure de redressement judiciaire de la compagnie, également souhaitée par le gouvernement pour faciliter l'arrivée d'un repreneur, pourrait être enclenchée "dès la semaine prochaine".
La date du 3 novembre aurait déjà été cochée pour placer la société sous la protection du tribunal de commerce de Marseille, qui a ouvert début octobre une procédure de conciliation en nommant deux administrateurs chargés notamment "d'une remise à plat juridique", a ajouté une autre source.
Lors d'un conseil d'entreprise (CE) interrompu mercredi au siège de la SNCM, les salariés ont réclamé la tenue d'un conseil de surveillance en urgence. Le CE doit reprendre lundi matin.
Au lendemain d'une réunion en préfecture de Marseille, la direction a indiqué mercredi dans un communiqué que le moratoire engagé en juillet après 17 jours de grève cet été n'était pas prorogé, malgré une nouvelle rencontre prévue le 18 novembre.
Elle a précisé vouloir éviter une "dégradation brutale de la situation financière, qui risquerait d'entraîner une liquidation" en prônant l'ouverture rapide d'une procédure de redressement judiciaire.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)