Comme Rémy Cointreau, le numéro deux mondial des vins et spiritueux Pernod Ricard est freiné par le ralentissement du marché des alcools haut de gamme en Chine où les dirigeants sont pressés de réduire leur train de vie.
Il y a en Chine "un ralentissement de la demande pour les qualités de très haut de gamme" et "les dépenses somptuaires --qu'on estime à 20% du marché (des spiritueux)-- ont été divisées par deux", a expliqué jeudi à l'AFP Pierre Pringuet, directeur général de Pernod Ricard.
La Chine a lancé l'an dernier une campagne anti-corruption qui s'est récemment intensifiée. Ces nouvelles dispositions affectent durement les ventes d'alcools premium alors que la Chine était encore jusqu'à il y a peu un moteur de croissance pour les fabricants de spiritueux.
Rémy Cointreau (cognac Rémy Martin) a ainsi annoncé mi-octobre des ventes en baisse de près de 10% de juillet à septembre. Et Pernod Ricard a publié jeudi matin un chiffre d'affaires en baisse de 9% (-1% en données comparables) à 2 milliards d'euros sur la même période, qui correspond au premier trimestre de son exercice 2013-2014.
Par région, les marchés émergents ont reculé de 14% (-6% en croissance interne) en raison d'une baisse de la demande, amplifiée par une base de comparaison défavorable. Mais certains marchés, comme l'Inde, se portent bien, avec une croissance à deux chiffres ou l'Afrique, nouveau terrain de développement du groupe, relève Pierre Pringuet.
La région Amérique (-8%, mais stable en données organiques) pâtit également d'une comparaison défavorable tandis que l'Europe --et surtout la France-- montre des signes de redressement (-1%, mais +3% en croissance interne).
"L'Europe de l'Ouest s'améliore", c'est "une tendance de fond" et même si "l'Espagne reste encore déprimée, tout laisse à penser que la croissance va s'améliorer", commente Pierre Pringuet.
Le groupe table sur une "reprise" début 2014. En Chine, le groupe mise sur le marché des classes moyennes, "des établissements beaucoup moins chers que les grands night clubs chinois somptuaires", "un canal qui se développe très bien", selon le directeur général.
Fort de tous ces éléments, Pernod Ricard table au final sur "un léger ralentissement" de sa croissance pour l'exercice en cours. Il prévoit une croissance interne de 4% à 5% de son résultat opérationnel courant cette année, alors que celle-ci avait atteint 6% en 2012-2013.
Les investisseurs accueillaient mal cette publication à la Bourse de Paris: vers 11H00, l'action perdait 2,57% à 86,59 euros, dans un marché quasiment stable.
Il s'agit d'une "publication au-dessous des attentes", plombée par la Chine, remarque Fabien Laurenceau, analyste chez le courtier Aurel BGC.
Un analyste parisien souligne pour sa part que les trois marques les plus vendues en Asie (Martell, Chivas Regal et Royal Salute, ndlr) enregistrent une "sensible décroissance".
Par ailleurs, "la croissance interne dans les Amériques est sensiblement inférieure à nos prévisions, le concurrent Diageo affichant des chiffres largement supérieurs", selon lui.