Investing.com - À l'heure où la volatilité des marchés boursiers s'accroît, où les données macroéconomiques sont susceptibles d'influencer les décisions des banques centrales en matière de taux d'intérêt et où les risques géopolitiques sont imminents, il est plus important que jamais de garder à l'esprit que l'investissement en actifs consiste à trouver un équilibre entre le rendement et le risque.
"S'il est relativement facile de réduire le risque d'un portefeuille, il est plus difficile de le faire sans réduire son potentiel de rendement", explique Pierre Debru, responsable de la recherche quantitative et des solutions multi-actifs chez WisdomTree.
"La diversification, c'est-à-dire l'ajout d'actifs non corrélés au portefeuille, est l'un des principaux outils à la disposition des investisseurs pour réduire ce risque, mais elle se fait souvent au détriment de la performance. Le portefeuille 60/40, composé de 60 % d'actions et de 40 % de titres à revenu fixe, constitue la base de l'allocation d'actifs pour de nombreux investisseurs. L'ajout de titres à revenu fixe aux actions réduit la volatilité et améliore le ratio de Sharpe en raison de la corrélation historiquement négative entre les actions et les obligations de première qualité. Cependant, traditionnellement, un portefeuille 60/40 a tendance à sous-performer un portefeuille 100 % actions", explique M. Debru.
Voici l'analyse de M. Debru :
L'expérience de pensée de Cliff Asness : le 60/40 à effet de levier
Pour résoudre ce problème, il faut tenir compte de l'effet de levier. En 1996, Cliff Asness (cofondateur d'AQR Capital) a proposé une telle solution alors qu'il était responsable de la recherche quantitative chez Goldman Sachs (NYSE :GS) Asset Management.
Dans son article intitulé "Why Not 100% Equities : A Diversified Portfolio Provides More Expected Return per Unit of Risk", Asness affirme que les investisseurs peuvent obtenir des rendements compétitifs en gérant le risque plus efficacement, en diversifiant leurs portefeuilles avec une combinaison d'actions et d'obligations et en utilisant l'effet de levier. Asness conçoit le portefeuille "60/40 à effet de levier" de telle sorte que la volatilité du portefeuille à effet de levier soit égale à celle du portefeuille d'actions. L'effet de levier appliqué est donc de 155 %. Le taux d'emprunt utilisé pour l'effet de levier de son portefeuille 60/40 est proche du taux d'intérêt des bons du Trésor à un mois.
Asness conclut que, sur la période 1926-1993, le portefeuille 60/40 à effet de levier a offert un rendement annuel moyen de 11,1 %, avec une volatilité de 20 %. En revanche, les actions n'ont rapporté que 10,3 % avec la même volatilité. À titre de référence, le portefeuille 60/40 (sans effet de levier) rapporte 8,9 % avec une volatilité de 12,9 %.
L'effet de levier du 60/40 dans le monde entier, une expansion réussie
Dans la figure 2, nous étendons l'analyse à d'autres régions pour vérifier la robustesse des résultats et nous obtenons des résultats similaires. Dans toutes les régions analysées, les rendements et le ratio de Sharpe du portefeuille 60/40 à effet de levier sont supérieurs à ceux des actions seules. En outre, la volatilité est identique et le drawdown maximum est réduit.
Dans ces analyses, nous n'utilisons pas un effet de levier de 155 %, mais un effet de levier correspondant à la volatilité des actions dans chaque région. Malgré cela, l'effet de levier reste très similaire d'une région à l'autre, allant de 160 % pour les actions mondiales à 170 % pour les actions japonaises.
La théorie de l'effet de levier 60/40
D'un point de vue théorique, l'idée de se concentrer sur le portefeuille le plus efficace possible et d'utiliser l'effet de levier pour créer l'investissement le plus approprié pour un investisseur donné est bien internalisée. Lorsqu'il a présenté la théorie moderne du portefeuille (MPT) en 1952, l'économiste Harry Markowitz avait déjà esquissé le concept à travers la ligne d'allocation du capital (Markowitz, mars 1952).
Principales conclusions
Markowitz a qualifié la diversification de "seul repas gratuit en finance", une phrase qui résume bien la philosophie du portefeuille 60/40. C'est également l'une des principales leçons de l'œuvre de Markowitz, récompensée par le prix Nobel. Une autre leçon importante est que l'effet de levier d'un bon portefeuille peut permettre d'obtenir un portefeuille encore meilleur. En général, en utilisant l'effet de levier d'un portefeuille 60/40 traditionnel, une idée que nous appelons chez WisdomTree " Efficient Core ", les investisseurs peuvent potentiellement bénéficier d'un niveau de volatilité similaire à celui d'un portefeuille 100 % actions, mais avec le meilleur ratio de Sharpe d'un portefeuille 60/40.
Les exemples possibles d'utilisation de ces portefeuilles Efficient Core dans les portefeuilles multi-actifs sont les suivants :
1. substitution d'actions
Une solution d'actions de base conçue pour remplacer les expositions existantes aux actions de base. L'Efficient Core peut également être utilisé pour compléter l'exposition existante aux actions, car il offre des rendements plus élevés, une meilleure gestion des risques et un potentiel de diversification par rapport à un portefeuille 100 % actions.
2. Un outil d'efficacité du capital
L'Efficient Core peut aider à libérer de l'espace dans un portefeuille pour faire place à des alternatives et des diversificateurs en fournissant une exposition efficace en capital aux actions et aux titres à revenu fixe. En investissant 10 % d'un portefeuille dans cette idée, les investisseurs visent à obtenir une exposition de 9 % aux actions américaines et de 6 % aux bons du Trésor américain. Cela pourrait permettre aux investisseurs de se défaire de 6 % de leur exposition actuelle aux titres à revenu fixe et d'envisager des actifs alternatifs (tels que les matières premières, oro, le carbone ou d'autres actifs). Dans ce scénario, il serait possible d'atteindre cet objectif sans perdre les avantages de diversification de leur exposition aux titres à revenu fixe.