PARIS (Reuters) - Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, a annoncé mardi le lancement en février de l'"Alliance populaire", une formation appelée selon lui à rassembler au-delà du PS en vue de la présidentielle de 2017.
Le patron du PS a multiplié ces derniers mois les appels à un large rassemblement de la gauche, une question remise à l'ordre du jour à la suite de la nouvelle poussée du Front national aux élections régionales.
Dès dimanche, au soir du second tour, des voix socialistes ont plaidé pour un aggiornamento de la formation voire, comme l'a fait Julien Dray dans les médias, pour un changement de nom.
Jean-Christophe Cambadélis avait lui-même évoqué il y a plusieurs mois, puis de nouveau dimanche soir, la nécessité pour le PS de fonder une "alliance populaire", sans donner beaucoup de précisions sur ses futurs contours.
"J'appelle le Parti socialiste à la rupture avec le parti qui a été constitué à Epinay (en 1971-NDLR), à la rupture avec la stratégie que nous avons développée depuis cette époque", a-t-il déclaré mardi lors d'une conférence de presse.
Le congrès d'Epinay est considéré comme l'acte fondateur du PS moderne, transformé à partir de cette date en machine électorale au service de François Mitterrand qui a accédé à l'Elysée dix ans plus tard.
Mais, selon le premier secrétaire du parti, le contexte politique a changé et, compte tenu de la montée en puissance du FN, la gauche devra se présenter unie en 2017 pour espérer parvenir au second tour.
"COLONNE VERTÉBRALE"
"Nous vivons dans le confort stratégique issu du bipartisme, à savoir au premier tour on se combat violemment et au second tour on se rassemble précipitamment. Le tripartisme ne permet plus de fonctionner comme cela", selon lui.
"Pour le Parti socialiste, ce sera la nécessité de lancer dans les semaines qui viennent un appel avec les citoyens, le mouvement associatif et, s'ils le désirent, un certain nombre de responsables du mouvement syndical, pour créer une grande alliance populaire", a-t-il également dit.
"Cet appel (...) naîtra début février. Il sera décliné dans toute la France où se constitueront des collectifs départementaux, des collectifs régionaux", a poursuivi Jean-Christophe Cambadélis.
D'après lui, la future formation pourrait attirer 500.000 adhérents.
"Et nous organiserons à l'automne 2016 une grande convention de l'Alliance populaire. Celle-ci aura vocation à fixer une base (...) qui sera celle de (...) la substitution au Parti socialiste d'une formation politique rassemblant tous ceux qui ont participé à l'Alliance populaire".
Il a assuré que le PS, souvent critiqué par ses alliés habituels pour sa tendance à vouloir diriger les manoeuvres, ne prétendrait pas à l'hégémonie au sein de ce futur mouvement mais se contenterait d'un rôle de "colonne vertébrale".
Cécile Duflot, co-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, défend aussi, dans un entretien publié mardi par Le Monde, l'idée d'une union de la gauche sous certaines conditions.
"Pour la bâtir, je tends la main à François Hollande. Qu'il revienne à l'esprit de 2012 et rassemble enfin écologistes et communistes désireux de rejoindre un bloc majoritaire de transformation", déclare-t-elle.
Selon un sondage Ifop-Fiducial paru mardi, François Hollande ne dépasserait pas le premier tour de la prochaine présidentielle dans l'hypothèse d'une multiplication des candidatures à gauche.
(Simon Carraud, édité par Sophie Louet)