PARIS (Reuters) - Les syndicats CFDT, CFE-CGC, CGT et FO ont écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de renoncer au projet Hercule de réorganisation des activités d'EDF (PA:EDF), qui entraînera selon eux un démantèlement et une privatisation partielle du groupe sans pour autant régler ses difficultés structurelles.
Hercule prévoit notamment une séparation entre le parc nucléaire existant d'EDF et une grande partie de ses activités liées aux énergies renouvelables, ainsi qu'une ouverture du capital de ces dernières.
Sa mise en oeuvre s'accompagnerait d'une réforme de la régulation du parc nucléaire existant, connue sous le nom d'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), afin de garantir la couverture des coûts d'EDF. Une source à Matignon a fait savoir vendredi que le dossier faisait toujours l'objet de discussions entre Paris et la Commission européenne.
"Si nous partageons votre volonté de donner à EDF les moyens d'investir dans le modèle français de transition énergétique (...), nous considérons que le projet Hercule actuellement à l'étude ne répond en rien aux exigences de notre époque et à l'avenir de nouvelles générations", écrivent les dirigeants de la CFDT, la CFE-CGC, la CGT et FO dans leur courrier à Emmanuel Macron, dont Reuters a obtenu une copie.
"Ce projet ne règle pas la question de la faiblesse endémique des fonds propres d'EDF depuis sa transformation en 2004 d'EPIC en SA alors même qu'EDF va devoir investir dans la décennie qui vient près de 100 milliards d'euros dans le système électrique français", jugent-ils, en référence aux statuts d'établissement public à caractère industriel et commercial et de société anonyme.
"(Hercule) ne répond pas à la question des moteurs de l'endettement de l'entreprise et du portage de la dette, ni à la sous-rémunération chronique dont souffre l'entreprise depuis la mise en place de l'Arenh", ajoutent les syndicats, soulignant en outre que le projet n'aborde pas la question du financement du renouvellement du parc nucléaire français.
Les syndicats, qui ont lancé un nouvel appel à la grève contre Hercule, pour le 19 janvier, demandent en conséquence au chef de l'Etat "de renoncer à ce projet, d'ouvrir un véritable débat pour bâtir ensemble l'avenir de l'électricien national EDF, opérateur de la Nation, et de véritablement lui donner les moyens d'investir".
Estimant que le projet Hercule a été "conçu avant la crise sanitaire sur des fondamentaux strictement financiers et de concurrence mercantile", ils prônent la mise en place d'un service d'intérêt économique général (SIEG) européen "qui tienne compte de l'ensemble des services apportés par le parc nucléaire français", système qu'ils défendent aussi pour éviter la mise en concurrence du secteur hydroélectrique.
(Benjamin Mallet, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Bertrand Boucey)