Le marché du travail devrait poursuivre son amélioration aux Etats-Unis avec des créations d'emplois toujours soutenues en juillet, estiment les analystes qui guettent une augmentation des salaires.
Le gouvernement publie vendredi à 12H30 GMT son rapport officiel sur l'emploi qui devrait voir le taux de chômage retomber d'un dixième de point de pourcentage à son plus bas niveau en 16 ans à 4,3%, selon les projections des analystes. Ils prévoient que l'économie américaine a créé 181.000 emplois en juillet, un rythme qui apparaît toujours très dynamique, après les 222.000 embauches nettes en juin.
Le rapport sur l'emploi sera regardé de près par les marchés financiers car c'est le premier grand indicateur pour le mois de juillet, qui lui-même débute le 3e trimestre.
Au deuxième trimestre, l'activité économique a accéléré avec une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 2,6% en rythme annuel après un premier trimestre hivernal morose (+1,2%).
L'enquête mensuelle de la firme de fiches de paie ADP, qui porte sur le seul secteur privé, a donné le ton affirmant que 178.000 nouveaux postes ont été créés le mois dernier ce qui demeure un rythme soutenu même s'il est un peu inférieur aux 191.000 embauches répertoriées en juin.
L'enquête d'ADP montre que "les gains d'emplois ont continué à être solides, bien que les employeurs trouvent qu'il devient difficile de recruter du personnel qualifié", a affirmé Ahu Yildirmaz, vice-président du groupe de services informatiques aux entreprises.
Pour Mark Zandi, économiste en chef de Moody's Analytics qui compile les données de l'enquête de la firme de fiches de paie, "la machine américaine de créations d'emplois continue d'opérer à grande vitesse".
"Les gains d'emplois sont largement répartis dans toutes les catégories d'industries comme de taille d'entreprises. Seuls les manufacturiers réduisent leur personnel", a-t-il indiqué.
L'enquête ADP est toutefois "loin d'être infaillible", comme le souligne Jim O'Sullivan de High Frequency Economics, rappelant que ses estimations étaient en dehors des clous de 29.000 en juin et de 107.000 en mai.
- Où sont les hausses de salaires ? -
Certains analystes sont ainsi plus pessimistes que la moyenne sur le nombre de créations d'emplois jugeant que les entreprises se plaignent d'avoir du mal à trouver des travailleurs qualifiés ce qui réduit par conséquent leurs embauches.
C'est le cas de l'économiste indépendant Joel Naroff, un spécialiste du marché de l'emploi, qui prévoit un affaissement des créations de postes à 140.000 ou 150.000 en juillet.
"Ce niveau serait encore très bon, au-dessus de ce qu'il faut pour continuer à faire baisser le taux de chômage. Mais comme les employeurs se lamentent de plus en plus de ne pouvoir trouver des employés compétents, j'ignore d'où ces travailleurs vont venir" pour justifier un haut niveau d'embauches, affirme M. Naroff à l'AFP.
Selon lui, le taux de rotation du personnel, où quelque 2,2% des employés quittent un poste pour en accepter un autre, n'est pas au niveau de ce qu'il devrait être vu la demande des entreprises.
"Les gens ont peur de bouger. Ils n'ont pas confiance dans la sécurité d'un emploi. Ils ne font le pas que lorsqu'il y a une augmentation significative de la rémunération à la clé et font très attention aux avantages sociaux offerts", a poursuivi M. Naroff, ajoutant que les entreprises qui avaient réduit la couverture sociale offerte avaient du mal à attirer du personnel.
C'est peut-être ce qui va enfin provoquer une accélération des hausses de salaires, qui jusqu'ici constitue "la grande énigme" de la conjoncture actuelle, selon M. Naroff.
L'augmentation des salaires stagne actuellement autour de 2,5% annuels, à peine au-dessus de l'inflation. Sur le mois, en juillet, ils pourraient monter de 0,3% après 0,2% en juin. M. Naroff n'exclut pas un frémissement plus convaincant à +0,4%.
La Réserve fédérale américaine (Fed) guette impatiemment une accélération des salaires qui pourrait anticiper un redressement de l'inflation vers ce niveau de 2% qu'elle juge sain pour la croissance.