LE BOURGET Seine-Saint-Denis (Reuters) - François Hollande prendra sa décision sur la livraison controversée d'un premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie dans le courant du mois de novembre, a déclaré mardi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Le président français avait annoncé le 3 septembre dernier que les conditions n'étaient pas réunies pour livrer ce navire de guerre en raison des "actions" de Moscou en Ukraine.
Le premier des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral devait être livré en octobre et 400 marins russes se forment depuis le 30 juin à sa manoeuvre dans le port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
"Le président de la République s'est exprimé à ce sujet au début du mois de septembre. Il a dit à ce moment-là que si les conditions politiques ne changeaient pas, il n'imaginait pas donner l'autorisation de livraison", a déclaré Jean-Yves Le Drian à la presse lors d'une visite du salon Euronaval.
Prié de dire si les conditions avaient changé, le ministre de la Défense s'est contenté de répondre que François Hollande prendrait sa décision "au moment de la livraison" qui, a-t-il ajouté, interviendra "courant du mois de novembre".
Depuis début septembre, Vladimir Poutine et son homologue russe Petro Porochenko se sont rencontrés pour débattre notamment des livraisons de gaz russe à l'Ukraine et le président russe a annoncé le retrait de ses troupes massées à la frontière orientale de l'Ukraine.
CESSEZ-LE-FEU
En présence de représentants russes, les autorités ukrainiennes et les séparatistes pro-russes se sont entendus le 5 septembre dans la capitale de la Biélorussie sur la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un plan de paix plus large.
Les résultats partiels du scrutin de dimanche en Ukraine ont en outre donné une écrasante victoire des partisans d'un rapprochement avec l'Union européenne et d'un règlement négocié.
L'Elysée s'est refusé mardi à tout commentaire sur la livraison éventuelle du Mistral et François Hollande devait s'entretenir dans la journée avec Petro Porochenko.
Un refus de livrer les deux navires Mistral commandés par la Russie, dont la vente représente un montant d'1,2 milliard d'euros, obligerait la France à dédommager Moscou et tendrait les relations avec Paris.
Il s'agirait aussi d'une mauvaise nouvelle pour les chantiers navals STX de Saint-Nazaire.
Les chantiers navals construisent les deux navires pour le compte de DCNS et de la Direction générale de l'armement (DGA).
A la fois navire-amphibie, poste de commandement et hôpital embarqué, le Vladivostok – construit à Saint-Nazaire et à Saint-Pétersbourg peut transporter jusqu'à 16 hélicoptères et déployer à terre 450 soldats et des "forces mécanisées", selon STX.
Un deuxième BPC baptisé Sébastopol, du nom de la ville de Crimée où est basée la flotte russe de la mer Noire, doit être livré fin 2015 à la Russie.
La commande comprenait également une option pour deux autres navires du même type, mais elle n'a pas été levée à ce jour.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)