Les coups durs se suivent pour Recylex: après de nouvelles indemnités à verser dans le long dossier de Metaleurop-Nord, le groupe a été condamné mercredi à une importante amende par Bruxelles, qui pourrait remettre en cause son avenir.
La Commission européenne a infligé au spécialiste français du recyclage des métaux une amende de près de 27 millions d'euros pour son implication dans une entente sur les prix d'achat de batteries automobiles usagées avec trois autres entreprises du secteur.
Interrogé par l'AFP, Recylex (PA:RXPA) (ex-Metaleurop) n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat mais le groupe a fait suspendre sa cotation à la Bourse de Paris.
Cette amende représente environ 7% du chiffre d'affaires réalisé l'an dernier, alors que Recylex est dans une situation financière difficile depuis de nombreuses années pour solder les comptes de la fermeture en 2003 de l'ancienne fonderie de Metaleurop Nord dans le nord de la France.
Cette fermeture avait donné lieu à la mise en place d'un plan de continuation qui prévoyait le remboursement de 66 millions d'euros pour épurer les dettes et financer les indemnisations que le groupe était suspectibles d'avoir à verser dans le cadre de poursuites judiciaires lancées par des anciens salariés de Metaleurop Nord.
Plusieurs procédures sont toujours en cours, dont une a déjà débouché sur le paiement de 16,5 millions d'euros par Recylex. Et la semaine dernière, Recylex a encore été condamné en appel à verser près de 8 millions d'euros d'indemnités à 187 autres anciens salariés pour un préjudice d'anxiété lié à l'amiante.
- Les difficultés s'accumulent -
Mais le groupe a indiqué étudier la possibilité d'un pourvoi en cassation.
Le plan de continuation avait été achevé fin 2015, mais Recylex a fait face à de nouvelles difficultés.
Le groupe a bataillé de long mois pour obtenir un renflouement indispensable de 67 millions d'euros, finalisé de haute lutte en décembre 2016.
Recylex n'avait ainsi pas été en mesure de clôturer ses comptes de 2015 avant la mi-2016, qui se sont soldés par une perte nette de 39,4 millions d'euros.
Le groupe pourra-t-il donc assumer cette amende de Bruxelles, payable sous trois mois?
Questionnée en conférence de presse à Bruxelles sur les conséquences potentiellement désastreuses pour l'entreprise d'une telle sanction, la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a répondu qu'il existait la possibilité, dans les règles européennes "de se dire en incapacité de payer".
"Nous avons un test très strict dans ce cas-là car nous avons affaire à des pratiques malhonnêtes. Par conséquent, c'est toujours une question d'équilibre", a estimé Mme Vestager.
Elle a insisté sur le fait qu'il n'était pas possible de tolérer un comportement qui nuit à la concurrence.
"Les entreprises sanctionnées aujourd'hui se sont entendues pour maximiser les bénéfices qu'elles tirent du recyclage des déchets de batteries, en réduisant la concurrence sur ce maillon essentiel de la chaîne du recyclage", a-t-elle expliqué.
De 2009 à 2012, Recylex, le britannique Eco-Bat Technologies, le belge Campine et l'américain Johnson Controls ont participé à une entente visant à fixer les prix d'achat des déchets de batteries automobiles plomb-acide en Belgique, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Contrairement à ce qu'il se passe dans la plupart des ententes, où les entreprises s'accordent pour augmenter leurs prix de vente, les quatre entreprises se sont entendues pour réduire le prix d'achat payé aux ferrailleurs et aux collecteurs de ferraille pour les batteries automobiles usagées.