PARIS (Reuters) - La CGT et Force ouvrière ont émis mardi l'espoir de rallier les autres syndicats à leur mouvement pour créer les conditions d'un conflit "frontal" avec le gouvernement à l'issue d'une rencontre au ministère du Transport, au deuxième jour du mouvement des routiers contre la réforme du Code du travail.
Les organisations syndicales seront reçues par la ministre, Elisabeth Borne, jeudi à 16h30, en compagnie des représentants du patronat.
"La CFDT et la CFTC disent exactement la même chose que la CGT et FO. Je pense que ça sera assez simple (...) de créer les conditions d'une unité la plus large possible, de manière à amplifier le mouvement de mobilisation qui a lieu", a déclaré Jérôme Vérité, de la CGT, à l'issue de la réunion.
La CFDT, qui a prévu une journée de mobilisation le 10 octobre, a rejeté cet appel.
"Nous ne rejoindrons pas le mouvement", a dit à Reuters Patrick Blaise, secrétaire général de la CFDT Transports.
Les syndicats, qui ont été reçus par des membres du cabinet d'Elisabeth Borne, se sont montrés assez déçus après cette première réunion.
"On sort aujourd'hui, on n'a pas grand-chose. C'est bien, on prend nos doléances. Ils vont regarder ce qu'il est possible de faire ou ne pas faire mais on verra jeudi", a ainsi indiqué Patrice Clos, de FO, qui espère que la réunion avec la ministre ne sera pas "une grande kermesse pour rien".
Si c'est le cas, le mouvement social pourrait prendre de l'ampleur et s'inscrire dans la durée, menacent les syndicats.
BLOCAGES
"Si jeudi on n'obtient pas un certain nombre de réponses extrêmement concrètes, on créera les conditions (...) de manière à ce que l'ensemble des organisations syndicales mènent le conflit d'un point de vue frontal vis-à-vis du gouvernement", a prévenu Jérôme Vérité.
Pour autant, Force ouvrière a concédé que le mouvement n'irait peut-être pas jusqu'à un retrait des ordonnances.
"Si les autres secteurs ne se mobilisent pas, on va pas rester six mois en mobilisation non plus. Si on arrive à obtenir des choses pour les transports, on les prendra", a indiqué Patrice Clos.
Mardi, le mouvement de contestation se poursuivait avec une quinzaine de "points d'action" dans des péages autoroutiers, des zones logistiques et des dépôts de carburant, selon la CGT-Transports.
"La quasi totalité des dépôts de carburants est libre d’accès" et "l’approvisionnement des stations-service continue d’être assuré normalement", a précisé le ministère des Transports en fin de matinée.
Même si la mobilisation n'est pas très suivie, les syndicats ne se disent pas déçus.
"On a toujours dit que ça serait une mobilisation longue, même si vous n'avez pas la France bloquée. Ce n'est pas ce qu'on cherche non plus", a assuré Patrice Clos.
Le ministère des Transports devait rencontrer le patronat mardi à 15 heures.
Dans les Bouches-du-Rhône, des chauffeurs-routiers ont installé dans la matinée un barrage filtrant devant le site pétrochimique de Lavera (Bouches-du-Rhône), où ils ont distribué des tracts aux automobilistes.
(Cyril Camu, Danielle Rouquié et Simon Carraud, avec Jean-François Rosnoblet à Marseille, édité par Yves Clarisse)