Le magnat des médias américain John Malone et l'opérateur télécoms britannique Vodafone (L:VOD) joignent leurs forces aux Pays-Bas pour concurrencer l'ancien fleuron public KPN sur fond de convergence entre le fixe et le mobile en Europe.
Liberty Global, le groupe de M. Malone, et Vodafone ont annoncé dans la nuit de lundi à mardi qu'ils allaient fusionner leurs activités aux Pays-Bas et créer un géant du mobile et du câble valorisé à 19 milliards d'euros.
Ce rapprochement intervient dans un paysage télévisuel et des télécoms européen en pleine recomposition avec des grandes manoeuvres notamment entre câblo-opérateurs et opérateurs mobile qui veulent créer des géants proposant des offres uniques (mobile, internet, télévision et téléphone fixe).
"Ensemble nous allons être un concurrent fort aux Pays-bas", a souligné Vittorio Colao, le directeur général de Vodafone, qui est confronté sur les principaux marchés européens à l'offensive des anciens monopoles publics locaux - Deutsche Telekom (DE:DTEGn), Telefonica (MC:TEF), BT - qui proposent désormais des offres commerciales intégrant téléphonie et télévision.
Liberty Global et Vodafone, dont c'est le premier grand partenariat, vont créer une coentreprise qui sera détenue à parité. Selon les termes de l'accord, Vodafone comme Liberty Global pourront chacun, s'ils le désirent, introduire en Bourse la coentreprise au bout de la troisième année suivant la finalisation de l'opération. Au bout de la quatrième année, chacun des deux partenaires pourrait décider d'entamer la vente totale ou en partie de l'entreprise.
- 'Gros avantages' -
Vodafone, dont les activités néerlandaises valent un peu moins que celles de Liberty Global, va verser 1 milliard d'euros à la société américaine.
La coentreprise néerlandaise Liberty-Vodafone devrait devenir avec plus de 15 millions de clients le deuxième groupe de télécommunications aux Pays-Bas derrière KPN, l'ancien fleuron public.
Elle permettrait de générer pour 280 millions d'euros de synergies par an et 3,5 milliards au total en y incorporant différentes réductions de coûts. Elle va notamment utiliser les technologies, les infrastructures d'informations et les différents supports des deux entreprises.
Les activités néerlandaises de Liberty Global comprennent le câblo-opérateur Ziggo, racheté pour 10 milliards de dollars en 2014. Ziggo détient 44% du marché de l'internet à haut débit aux Pays-Bas, selon la banque néerlandaise ABN Amro. KPN suit avec 40% de parts de marché.
En tout, les opérations néerlandaises de Liberty Global sont valorisées à 14 milliards d'euros dont plus de la moitié (7,3 milliards) est de la dette. Elles ont réalisé un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros l'an dernier.
Vodafone pèse quant à lui 4,7 milliards d'euros aux Pays-bas et est loin derrière KPN et Ziggo aussi bien dans la télévision que dans le câble. Il y a généré 1,93 milliard d'euros de revenus en 2015.
Le rapprochement Vodafone-Liberty Global "marque la continuation de la stratégie de convergence marché par marché de Vodafone", a souligné Vittorio Colao. "Nous sommes impatients de finaliser notre association avec Liberty Global pour créer un acteur complètement intégré dans un de nos marchés européens prioritaires", a ajouté le dirigeant sans toutefois dire si des partenariats sont envisagés dans d'autres pays européens avec Liberty Global. Les deux groupes avaient mis fin en 2015 à des discussions portant sur un rapprochement dans sept pays européens.
En attendant, la transaction, dont la finalisation est prévue fin 2016 après le feu vert des autorités de la concurrence, pourrait donner un coup d'accélérateur aux rapprochements en cours en Europe entre opérateurs télécoms et câblo-opérateurs.
La tendance est en effet à la convergence fixe-mobile qui semble avoir pris de court les autorités de régulation. Deutsche Telekom essaie actuellement de vendre sa filiale néerlandaise.
Ces mariages soulèvent toutefois des craintes en matière de concurrence, notamment pour les consommateurs qui pourraient voir leurs factures augmenter.
La fusion Vodafone-Liberty Global aux Pays-Bas "va apporter de gros avantages aux consommateurs et entreprises néerlandais", défend Mike Fries, le directeur général de Liberty Global.