par Jonathan Spicer et Jennifer Ablan
NEW YORK (Reuters) - Les risques pesant sur l'économie mondiale ne devraient pas avoir d'impact profond sur l'économie des Etats-Unis mais il demeure approprié pour la Réserve fédérale de procéder "prudemment" dans le resserrement de sa politique monétaire, a déclaré mardi la présidente de la banque centrale américaine.
"Les développements à l'étranger signifient qu'il nous faudra certainement, pour atteindre nos objectifs en matière d'emploi et d'inflation, suivre une trajectoire un peu plus basse pour le taux des fonds fédéraux que ce que nous avions anticipé en décembre", a dit Janet Yellen devant l'Economic Club de New York.
La Fed a relevé ses taux en décembre dernier, pour la première fois depuis près de 10 ans, et les marchés s'interrogent depuis sur le nombre de hausses à venir cette année et sur le calendrier qu'adoptera la Réserve fédérale.
Janet Yellen, qui s'exprimait mardi publiquement pour la première fois depuis la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, début mars, n'a livré que peu d'indices.
"Etant donné les risques pesant sur les perspectives, je considère qu'il est approprié pour le Comité (de politique monétaire de la Fed) d'agir prudemment dans l'ajustement de sa politique", a-t-elle ajouté.
"L'impact général pour l'économie américaine des développements sur les marchés mondiaux depuis le début de l'année sera très vraisemblablement limité", a encore dit Janet Yellen.
Ce ton prudent contraste avec les récents commentaires de plusieurs responsables de politique monétaire, dont les présidents des Fed de Philadelphie et d'Atlanta qui se sont prononcés pour des hausses de taux plus sévères cette année.
"UN PEU SURPRENANT"
Omer Esiner, analyste de marchés chez Commonwealth Foreign Exchange, note que le ton prudent de Yellen "n'est pas une surprise en lui-même mais est un peu surprenant par rapport au choeur des orateurs de la Fed la semaine dernière."
Wall Street est passée en territoire positif et le dollar est tombé à un creux d'une semaine face à un panier de devises de référence après les propos de la présidente de la Fed.
De même, le marché obligataire a réagi à la hausse à ces déclarations, qui ont également relancé les paris que la Fed laisserait peut-être l'inflation dépasser temporairement les 2%.
Les mesures de l'inflation aux Etats-Unis montrent une progression de cette dernière. L'indice annuel que privilégie la Fed évoluait à 1,7% en février, soit toujours en dessous de l'objectif de 2% que se fixe la banque centrale. Une autre mesure à 12 mois que surveille la Fed est en augmentation de 2,3% sur un an.
Janet Yellen est toutefois restée prudente, sur ce point également. "Il est trop tôt pour dire si l'accélération observée récemment se maintiendra sur la durée", a-t-elle dit.
Elle a ensuite expliqué lors de la séance de questions-réponses que la Fed avait voulu anticiper un ralentissement de la croissance mondiale depuis décembre, ce qui avait joué en faveur du maintien de ses taux à sa réunion du mois de mars.
"La croissance mondiale était un facteur important et nous voulions anticiper (son évolution). La réaction des marchés a d'ailleurs été favorable", a-t-elle dit.
(Howard Schneider, Patrick Vignal et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)