RIO DE JANEIRO (Reuters) - La compagnie pétrolière publique brésilienne Petrobras a promis lundi de faire toute la lumière sur le scandale de corruption qui la secoue et qui fragilise la présidente Dilma Rousseff moins d'un mois après sa réélection à la tête du pays.
Intervenant publiquement pour la première fois depuis l'arrestation vendredi d'un ancien dirigeant de la compagnie dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de blanchiment d'argent et de corruption, la directrice générale du géant pétrolier public, Maria das Graças Foster, et d'autres dirigeants de Petrobras ont dit avoir recruté des conseillers juridiques pour enquêter sur les allégations.
La compagnie pétrolière a reporté la semaine dernière la publication de ses comptes trimestriels après des accusations selon lesquelles elle a systématiquement surpayé des actifs et surfacturé des sous-traitants pour financer des partis politiques, dont le Parti des travailleurs (PT) de Dilma Roussef.
Petrobras réévaluera certains actifs dans le cas où des pots-de-vin auraient été versés lors de leur achat et pourrait comptabiliser les pertes correspondantes, a expliqué la direction. En conséquence, les comptes trimestriels audités pourraient ne pas être disponibles avant fin janvier.
"Nous travaillons de toutes nos forces pour que les comptes trimestriels (audités) soient prêts et pour coopérer à l'enquête dans l'espoir d'une issue rapide", a dit le directeur financier, Almir Barbassa, lors d'une téléconférence avec des analystes.
Dilma Rousseff a présidé le conseil d'administration de Petrobras de 2003 à 2010, période pendant laquelle l'essentiel des actes de corruption présumés se seraient déroulés.
Elle a nié toute implication dans ce scandale et ne fait l'objet d'aucune poursuite mais cette affaire risque d'affaiblir son gouvernement, confronté par ailleurs à la stagnation de l'économie et à la perte de confiance des investisseurs.
Les derniers développements de ce scandale, avec l'arrestation vendredi d'un ancien dirigeant de la compagnie et de plusieurs responsables d'entreprises de construction et d'ingénierie par la police, ont pesé sur le cours de Petrobras mais aussi sur la devise brésilienne, le real, tombé à un plus bas de près de neuf ans.
Lundi, le titre Petrobras cédait 5% à 18h15 GMT à la Bourse de Sao Paulo.
Le groupe a annoncé en début de journée qu'il n'atteindrait pas son objectif de croissance de sa production cette année.
(Jeb Blount, Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)