Investing.com – Les entreprises françaises semblent plus réticentes que les autres à quitter la Russie, nous l’avons vu récemment avec les cas de Danone SA (PA:DANO) et TotalEnergies SE (PA:TTEF) par exemple, mais une d’entre elle va aller encore plus loin, en projetant d’augmenter ses activités en Russie.
Il s’agit de la chaine d’outillage et d’amélioration de l’habitat Leroy Merlin, possédé par la famille Mulliez (qui n’est pas une entreprise cotée en bourse), qui détient aussi la chaine de magasins de sport Decathlon et les hypermarchés Auchan.
Dans une lettre envoyée aux fournisseurs, vue par The Telegraph, les patrons de la branche russe de Leroy Merlin ont déclaré : "Depuis la disparition de certaines entreprises, nous sommes ouverts à vos propositions sur l'augmentation de l'offre et votre assortiment de produits."
On peut lire également dans la lettre : « Nous prévoyons de remplacer entièrement les produits importés par des produits fabriqués en Russie ».
Sans surprise, ces informations ont suscité l’indignation, la famille Mulliez ayant été accusée de profiter de l'Ukraine.
"Leroy Merlin "est devenu la première entreprise au monde à financer le bombardement de ses propres magasins", a déclaré le ministère ukrainien de la défense sur Twitter (NYSE:TWTR) lundi matin, en partageant l'image d'un magasin apparemment détruit lors des attaques en Ukraine :
"Des entreprises comme celle-là n'ont aucun droit moral d'exister", a quant à elle déclaré Lesia Vasylenko, membre du parlement ukrainien, au Telegraph, demandant au gouvernement français d'intervenir et ajoutant : "Il devrait y avoir de la solidarité. Il devrait y avoir une pression exercée".
Soulignons que Leroy Merlin est très bien implanté en Russie, avec 36 000 employés répartis dans 107 hypermarchés dans 62 villes, ce qui représente environ un cinquième du chiffre d'affaires de la société mère du groupe Leroy Merlin, Adeo. C'est son deuxième marché après la France.
Auchan est également actif en Russie avec 231 magasins en Russie et un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros (3,5 milliards de dollars), soit plus de 10 % de son chiffre d'affaires total.
Danone et TotalEnergies ne souhaitent pas non plus quitter la Russie
Rappelons que d’autres entreprises françaises ont suscité la critique pour ne pas avoir quitté la Russie, et notamment Danone.
Il y a deux semaines, Antoine de Saint-Affrique, le PDG de la société, a confirmé la décision du fabricant de produits laitiers et d'aliments pour bébés de poursuivre ses activités en Russie. À la suite de l'invasion de l'Ukraine, le géant français a déclaré qu'il allait "suspendre" ses investissements en Russie, mais qu'il continuerait à fabriquer et à distribuer des produits localement.
S'adressant au Financial Times, M. de Saint-Affrique a déclaré : "Il est très facile de se laisser entraîner dans des raisonnements en noir et blanc et des positions démagogiques mais, au final, notre réputation dépend de notre comportement.
"Nous avons une responsabilité envers les personnes que nous nourrissons, les agriculteurs qui nous fournissent du lait et les dizaines de milliers de personnes qui dépendent de nous."
TotalEnergies fait également partie de ces entreprises françaises qui ne veulent pas tourner le dos à la Russie. La société a confirmé il y a une dizaine de jours qu’elle n'envisage pas de revenir sur sa décision de rester en Russie, à moins que l'UE n'impose de nouvelles sanctions, malgré la pression internationale et le retrait de groupes pétroliers rivaux suite à l'invasion de l'Ukraine.